Le Journal de Quebec

Le pétrole de l’ouest

- MARIO DUMONT Blogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont @quebecorme­dia.com @mariodumon­t

La décision du gouverneme­nt Trudeau de prendre les grands moyens pour concrétise­r le projet de pipeline Trans Mountain a relancé les hauts cris au Québec sur le pétrole de l’ouest. Dans un mélange de souci environnem­ental mêlé à du pseudo-nationalis­me, ils ont été nombreux au Québec à procéder à une dénonciati­on générale de ce « mal incarné ».

Dans l’expression « pétrole de l’ouest », tout est satanique. Le pétrole : une source d’énergie sale, un ennemi de l’environnem­ent, une vieille ressource énergétiqu­e dépassée, les énergies fossiles. Et l’ouest : là où l’on vote à droite, l’alberta riche qui ne paye pas de taxes de vente, des Anglais qui ne comprennen­t pas les vertus du Québec.

Sauf que… sauf que… Du pétrole, la très grande majorité de la population du Québec en consomme tous les jours. Cette source d’énergie, qui connaîtra vraisembla­blement sa fin d’ici quelques décennies, se retrouve encore en 2018 bien au coeur de notre économie et de notre vie.

DES RETOMBÉES POUR TOUS

Quant à l’ouest canadien, la richesse qui s’y est créée au cours du dernier quart de siècle a été redistribu­ée dans tout le pays. En péréquatio­n seulement, le Québec a reçu annuelleme­nt entre 9 et 12 milliards depuis quelques années. Si nous avons choisi lors de deux référendum­s de demeurer dans le Canada, nous devons bien vouloir profiter aussi des avantages.

Finissons-en avec ce discours faussement idéaliste qui parle du pétrole de l’ouest comme s’il s’agissait d’un virus dont nous sommes les victimes. Il s’agit d’une richesse dont nous sommes les bénéficiai­res. Autant comme utilisateu­rs que comme contribuab­les du Canada.

Même les plus fervents environnem­entalistes n’ont jamais proposé de laisser l’argent de la péréquatio­n sur la table au nom de sa provenance « sale ». Il faudrait couper des milliards dans nos services publics, tout le monde le sait, au fond. Alors, qu’on en finisse avec toutes ces phrases qui commencent par « le pétrole de l’ouest » lourdes de sous-entendus, qu’il s’agit d’un grand mal connu de tous. C’est ridicule.

PAS DE LUNETTES ROSES

Comprenez-moi. Le pétrole de l’ouest n’est pas parfait. Il comporte des défauts sérieux. L’extraire des sables bitumineux requiert de l’énergie, les chantiers laissent une trace importante dans l’environnem­ent. Cependant, notre pétrole est exploité dans un pays où les lois environnem­entales sont beaucoup plus sérieuses que certains des autres producteur­s pétroliers de la planète.

Le Canada doit continuer son travail de recherche d’énergies alternativ­es, le Canada doit maintenir le cap sur le développem­ent d’énergies plus propres. Mais malgré ces efforts, quelqu’un croit-il vraiment que le pétrole va disparaîtr­e de nos vies à court terme ? Les plus optimistes parlent de 2050. Il reste assez de temps pour rentabilis­er Trans Mountain.

Au Québec, nous aimons nous gargariser avec l’idée que nous aurions une meilleure conscience environnem­entale qu’ailleurs au Canada. C’est discutable. Pour être un partenaire écouté dans la fédération, le Québec doit certaineme­nt faire preuve de plus de réalisme dans l’évaluation du dossier du pétrole au Canada.

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Le Québec doit faire preuve de plus de réalisme dans l’évaluation de la valeur du pétrole de l’ouest dans nos vies.

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