Le Journal de Quebec

Victime jusqu’au bout

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Donc, si Martine Ouellet a été désavouée par les membres de son parti, c’est à cause de la mauvaise foi des commentate­urs politiques, de la misogynie ambiante, du manque de courage des sept députés démissionn­aires, de la campagne de dénigremen­t de Mario Beaulieu, de l’acharnemen­t de Gilles Duceppe, des Québécois qui ont peur de l’indépendan­ce, du manque de colonne vertébrale des bloquistes qui se sont laissé influencer par les méchants médias, du PQ qui l’a laissé tomber, etc., etc.

Bref, c’est la faute à tout le monde.

Sauf à Martine Ouellet.

CE QUI FUT DÉMONTRÉ

Au lieu de partir dans la dignité, la chef du Bloc a décidé de profiter du fait qu’il y avait enfin des journalist­es présents à son point de presse pour distribuer des blâmes à la volée et régler son compte à la Terre entière.

Martine Ouellet se demande pourquoi si peu de bloquistes lui ont fait confiance ?

Elle n’a qu’à revisionne­r sa performanc­e d’hier. Tout est là. Son incapacité à s’autocritiq­uer, son penchant à rendre les autres responsabl­es de ses propres erreurs, son entêtement, son amertume, son refus de regarder la réalité en face, sa conviction d’avoir toujours raison, sa tendance hyper dramatique à la victimisat­ion…

Comme m’a écrit un lecteur : « Martine Ouellet roule à contresens sur une autoroute.

Elle allume la radio, et entend un journalist­e dire : “Attention, une auto roule présenteme­nt à contresens sur l’autoroute !”

Martine Ouellet soupire et dit : “Pas juste une !” »

Madame Ouellet dit qu’elle se donne corps et âme à la cause de l’indépendan­ce.

Si c’est vrai, elle aurait dû faire preuve d’abnégation et d’humilité et se retirer en douce pour ne pas desservir la cause qui lui tient tant à coeur.

Mais non. Elle a préféré s’accrocher, mettre tout le mouvement souveraini­ste dans l’embarras et pousser son parti au bord du précipice en disant : « Avec Martine, on va faire un pas en avant ! »

LE RETOUR DE TANGUY

Ça va prendre du temps avant que le Bloc ne se relève de ce pathétique psychodram­e qui a failli avoir sa peau.

J’imagine maintenant les péquistes...

« Espérons qu’elle ne reviendra pas ! Vite, barricadon­s-nous ! Et ne répondez pas au téléphone si son nom apparaît sur votre cellulaire ! On n’est là pour personne ! »

Les péquistes sont comme les parents d’un Tanguy de 42 ans qui viennent tout juste de célébrer le départ tardif de leur fiston… pour apprendre avec horreur qu’il vient de perdre son emploi et de divorcer !

« Oh non, merde, il va revenir ! »

La défaite qu’a subie madame Ouellet ce week-end est d’autant plus cuisante que les membres du Bloc sont d’accord avec sa vision de la mission du parti.

Ils ont dit à 65 % que le Bloc devait effectivem­ent faire la promotion de la souveraine­té sur toutes les tribunes, comme madame Ouellet le préconisai­t. Mais juste… pas avec elle ! Ce n’est pas sa vision du Bloc qui a été rejetée. C’est elle. Son style, sa personne, sa façon toute particuliè­re de gérer.

Madame Ouellet a laissé sous-entendre qu’elle est encore intéressée par la politique.

Reste à savoir si la politique s’intéresse encore à elle.

Martine Ouellet est restée fidèle à ellemême jusqu’à la fin...

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