Le Journal de Quebec

Des centaines de résidences isolées à La Malbaie

Le niveau de sécurité se resserre à l’approche de l’événement

- DOMINIQUE LELIÈVRE

LA MALBAIE | L’imminence du G7 est maintenant bien réelle pour les résidents de La Malbaie qui ne peuvent plus circuler librement dans un vaste périmètre de sécurité.

Depuis 7 h, hier, il faut montrer patte blanche dans l’un des neuf points de contrôle pour entrer dans la « zone verte », un périmètre à circulatio­n restreinte d’une vingtaine de kilomètres carrés qui ceinture le Manoir Richelieu et les environs, dont une portion de la route 362.

Une « zone rouge », encore plus étanche, encercle le site immédiat du lieu qui accueiller­a dès vendredi les sept dirigeants du G7.

Des centaines de résidents et de travailleu­rs doivent porter en tout temps une accréditat­ion spéciale à l’intérieur du secteur, qui s’étend du sud de La Malbaie à la municipali­té de Saint-irénée. Selon la Sûreté du Québec, on y trouve 400 résidences et 60 commerces.

Avec le personnel de sécurité et les délégation­s du G7, ils sont désormais les seuls à pouvoir profiter des paysages bucoliques du secteur de Pointe-au-pic, un endroit normalemen­t très prisé des touristes.

« ON S’ADAPTE PLUTÔT BIEN »

Le dispositif a de quoi impression­ner les citoyens du secteur, qui voient défiler les effectifs policiers et militaires près de leur domicile. Des ballons d’observatio­n, qui semblent équipés de caméras, ont également fait leur apparition dans le ciel.

Malgré tout, les citoyens interrogés par Le Journal se disaient à l’aise avec ces mesures. « On avait été briefé, on avait été mis au courant de toute la situation. C’est peut-être pour ça que l’on s’adapte plutôt bien », disait l’un des résidents affectés.

« On se sent envahi, mais on comprend que ça doit se faire, a partagé une autre résidente, Luz Maria Radilla. […] C’est triste qu’on soit rendu là pour éviter du trouble. »

Michel Imbeault, qui habite lui aussi la « zone verte », disait pour sa part n’avoir « aucune crainte » que des mani- festations violentes éclatent en marge du sommet.

PAS DE SURVEILLAN­CE ACTIVE

Par ailleurs, alors que des citoyens avaient confié au Journal se sentir épiés, dimanche, le Groupe intégré de sécurité du G7 assure que personne ne fait l’objet d’une surveillan­ce active. « Non, pas du tout, personne n’est sous écoute, personne n’est observé dans sa résidence », a affirmé Laurie Bergeron, agente aux relations communauta­ires.

Pendant ce temps, l’hôtel de Ville de La Malbaie a commencé à installer dans ses locaux un centre des mesures d’urgence qui veillera à la sécurité des citoyens.

« Il y a un facteur qui est un peu intangible, mais à ce moment-ci, mon feeling, c’est que ça va bien aller. Ça va être un très beau sommet ici à Charlevoix et je le souhaite à Québec aussi […]. Ce serait triste que les gens utilisent la violence pour se faire entendre », a mentionné le maire de La Malbaie, Michel Couturier.

Justin Trudeau joue gros au sommet du G7 qui se tiendra à La Malbaie. En devenant le porte-parole des pays qui s’opposent aux sanctions commercial­es de Trump, il court le risque de se transforme­r en paratonner­re, et d’attirer les foudres du président américain.

Le sommet promet d’être particuliè­rement houleux si Trump y participe, ce qui n’est pas encore complèteme­nt acquis. Les États-unis ne se sont jamais opposés à leurs alliés sur autant de sujets.

1Quelle est l’influence réelle du G7 ?

Le G7 a été créé officielle­ment en 1975. Il s’appelait alors le G6. Le Canada s’y est joint l’année d’après. À l’époque, le G7 regroupait les principale­s démocratie­s du monde, soit le Canada, les États-unis, la France, l’allemagne, l’italie, la Grande-bretagne et le Japon. Ces pays étaient aussi les plus grandes économies de la planète. De nos jours, la moitié des économies les plus puissantes du monde en sont exclues, soit : la Chine, l’inde, la Russie, l’indonésie et le Brésil. La Grande-bretagne, la France, l’italie et le Canada ont dégringolé respective­ment au 10e, 11e, 13e et 18e rang mondial. Par conséquent, le G7 est un club de démocratie­s proches des Américains. Ce groupe conserve une certaine influence sur les affaires mondiales, mais elle est de plus en plus limitée.

2Pourquoi est-ce que Trudeau joue gros ?

Après le fiasco de son voyage en Inde et ses changement­s de costumes quotidiens, Trudeau doit corriger son image internatio­nale. Il doit montrer qu’il est rassembleu­r et qu’il est capable de donner une nouvelle impulsion à un G7 dont les Américains se désintéres­sent de plus en plus.

3Trudeau parviendra-t-il à rallier Donald Trump ?

C’est douteux. Trump s’oppose à presque tous les grands thèmes du G7 de cette année. Par exemple, il ne croit pas aux changement­s climatique­s, son rapprochem­ent avec Israël et avec l’arabie saoudite constitue un obstacle à la paix au Proche-orient, il ne voudra pas que l’innovation devienne un bien collectif et ses sanctions économique­s s’opposent à la croissance économique commune. L’administra­tion Trump restera inflexible sur tous ces sujets tant que les élections de mi-mandat ne seront pas passées. Il n’y a guère que l’égalité des sexes qui fait consensus. Encore que le saupoudrag­e des questions du droit des femmes dans tous les sujets de la conférence est franchemen­t risible d’un strict point de vue des relations internatio­nales.

4Que devrait faire le premier ministre canadien ?

Il y a fort à parier que les dirigeants du G7 ne parviendro­nt pas à se mettre d’accord sur un communiqué conjoint. Cependant, Trudeau remportera­it une grande victoire si les pays membres du G7 signaient un communiqué conjoint sans les États-unis. Un communiqué où ils affirmerai­ent fortement leur solidarité contre les politiques abracadabr­antes de Trump. Mais Trudeau aura du mal à convaincre la Grande-bretagne et le Japon d’adopter une position aussi ferme.

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PHOTOS DOMINIQUE LELIÈVRE 1. De nombreux policiers de la Sûreté du Québec contrôlent depuis hier les neuf points d’entrée de la « zone verte », un périmètre d’une vingtaine de kilomètres carrés dans les environs du Manoir Richelieu. 2. Les convois policiers, militaires et de...
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