Le Journal de Quebec

La maison du pasteur était un véritable bunker

Claude Guillot subit un procès pour violence faite à des enfants

- KATHLEEN FRENETTE

Dans la maison de Claude Guillot, les fenêtres étaient vissées de l’intérieur, la résidence était surveillée par d’innombrabl­es caméras et, si les enfants étaient parfois privés de nourriture, la demeure du pasteur baptiste cachait un véritable entrepôt de denrées.

Au cours des trois prochaines semaines, la vie de l’homme de 67 ans et les gestes de violence et de contrôle qu’il aurait posés à l’égard de six présumées victimes sur une trentaine d’années seront scrutés à la loupe dans le cadre de son procès.

La procureure aux poursuites criminelle­s et pénales, Me Sonia Lapointe, entend présenter de façon chronologi­que les nombreux éléments de preuve amassés par les enquêteurs du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) pendant près de trois ans.

MODÈLE AMÉRICAIN

Après avoir été renvoyé de l’école La Bonne Semence de Victoriavi­lle dans les années 1980, l’homme a établi ses pénates dans le secteur Chauveau.

Là, il a développé une école dans son sous-sol, en se basant sur le programme américain Ace (Education Chrétienne Accélérée), selon lequel différente­s sentences étaient infligées aux enfants, qui, par exemple, devaient se tenir debout pendant des heures, voire des jours.

« Il y avait certaines restrictio­ns au niveau de la nourriture, des voies de fait, des contacts physiques et des coups qui ont aussi été portés », a précisé la procureure.

Comme premier témoin, la Couronne a fait entendre le technicien au service de l’identité judiciaire, Denis Turcotte, qui a passé « la demeure-école » au peigne fin.

« Un dispositif d’identifica­tion vocale et visuelle se trouvait à la porte d’entrée de la maison, et plusieurs caméras surveillai­ent l’extérieur », a expliqué le policier.

Dans la demeure, chaque fenêtre était vissée au cadrage pour en empêcher l’ouverture et, sur certaines, les manivelles avaient été enlevées et le mécanisme, rempli par une substance.

ORGANISÉ

En faisant défiler les quelque 400 photos, le technicien a attiré l’attention du tribunal sur les combles de la demeure, auxquels on pouvait accéder par la chambre principale.

« L’endroit avait été converti en entrepôt, où plusieurs bacs de plastique numérotés ont été trouvés », a mentionné M. Turcotte.

Dans le sous-sol, plus d’une soixantain­e d’articles électroniq­ues ont été retrouvés: écrans d’ordinateur, ipad, téléphones, portables, disques durs externes et clés USB. Les policiers ont également mis au jour « un entrepôt-garde-manger » dissimulé derrière un faux mur.

Le procès doit durer trois semaines.

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PHOTOS STEVENS LEBLANC ET COURTOISIE 1. Le pasteur au palais de justice, hier. 2. Ce garde-manger bien garni était caché derrière un faux mur. 3. Une des fenêtres maintenues bloquées par des vis. 1
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