Le Journal de Quebec

Ottawa permet à une mine de détruire 5 lacs

La ensemencer­a un cours d’eau pour compenser

- JEAN-CHRISTOPHE BEAULIEU

SEPT-ÎLES | Ottawa autorisera la future Mine Arnaud de Sept-îles à détruire cinq petits cours d’eau dont certains hébergent des truites pour y entreposer des déchets miniers, ce que dénoncent des écologiste­s.

Mine Arnaud envisage de transforme­r cinq cours d’eau totalisant 75 000 mètres carrés d’habitats pour la truite mouchetée et l’épinoche en dépôt de déchets miniers. La future mine d’apatite créerait 300 emplois pendant 31 ans et deviendrai­t la plus grosse mine à ciel ouvert à proximité d’une municipali­té.

Dans un courriel envoyé à Mine Arnaud et signé par une fonctionna­ire du ministère fédéral de l’environnem­ent, il est inscrit que le ministère « a le plaisir » d’autoriser le projet.

En échange, Mine Arnaud s’engage à introduire de l’omble de fontaine dans un lac sans poisson et à aménager des frayères pour s’assurer que l’espèce s’y reproduise.

Malgré ces mesures compensato­ires, Daniel Green, coprésiden­t de la Société pour vaincre la pollution (SVP), est furieux.

« Les minières génèrent énormément de déchets miniers sous forme de boues. Elles doivent norma- lement construire un site pour ces rejets souvent toxiques et c’est un processus qui coûte extrêmemen­t cher. C’est donc très tentant pour une minière de se servir des fosses naturelles que sont les lacs », explique-t-il.

Selon M. Green, il est beaucoup trop facile selon la réglementa­tion actuelle de détruire un site naturel en disant compenser la perte d’habitat.

SATISFAITE

Émilie Paquet, directrice des relations avec le milieu chez Mine Arnaud, se dit satisfaite. « On est extrêmemen­t heureux de la décision. C’est un processus extrêmemen­t rigoureux qui a duré plus de quatre ans », mentionne-t-elle.

Selon M. Green, la décision créera un précédent au Québec, même si 37 lacs au Canada ont déjà subi le même sort. « Jusqu’à maintenant, Environnem­ent Canada se gardait une petite gêne pour appliquer cela au Québec. C’est difficile de croire que ces fonctionna­ires veulent vraiment protéger l’environnem­ent. Un bureaucrat­e payé avec nos taxes “émet” un permis pour détruire des cours d’eau avec des truites dedans, pour un projet de mine mort-né. Leur rôle est de protéger l’environnem­ent ou autoriser une minière à le détruire ? », se demande-t-il.

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