Homard et bon vin à vos frais
Le président Jacques Chagnon paye la traite aux membres même si les rencontres ont lieu l’après-midi
Qu’ils soient libéraux, péquistes ou caquistes, les élus qui siègent au Bureau de l’assemblée nationale (BAN) se font gâter par Jacques Chagnon avec des repas gastronomiques et du vin de qualité à chacune de leurs réunions, a appris Le Journal.
Goûter cinq services, homard et vin à 40 $ la bouteille, les membres du BAN chargés d’établir les règles administratives de l’assemblée sont choyés par le président de l’assemblée nationale.
Ce sont eux qui, la semaine dernière, ont décidé de conserver le secret parlementaire sur le coût du vin lors des missions parlementaires.
Ils en ont consommé eux-mêmes à chacune des rencontres du BAN depuis 2014, selon des copies de factures obtenues par Le Journal, même lors d’un déjeuner.
« Tout le monde voulait aller aux réunions du BAN… parce que c’était très bon », nous affirme une source qui a siégé au BAN il y a quelques années, alors que Jacques Chagnon était déjà président.
Officiellement, le BAN est composé de 10 élus, incluant le président Chagnon, ainsi que du secrétaire général, Michel Bonsaint. Pourtant, entre 20 et 30 personnes sont présentes à ces banquets toujours courus.
La consommation de vin lors des séances de travail qui se tiennent généralement de 13 h à 15 h « dérange » certains élus.
Le caquiste Donald Martel a dit au Journal qu’il ne buvait jamais pendant ces réunions, et son collègue Jean-françois Roberge a dénoncé la situation durant sa première présence au BAN.
PERPÉTUER LA TRADITION
Questionné à ce sujet, Jacques Chagnon a affirmé au Journal qu’il ne fait que perpétuer la tradition.
Pourtant, aucun alcool n’est servi lors des rencontres du conseil de ministre et dans les caucus des partis politiques.
Une source suggère d’ailleurs qu’il y a du vin sur la table parce que la personne qui dirige la réunion « aime le vin ».
Ces festins peuvent être coûteux, en général entre 50 et 110 $ par personne, pour des factures d’environ 1500 $ par rencontre, mais qui peuvent atteindre 2700 $.
Jean-pierre Charbonneau, président de l’assemblée entre 1996 et 2002, soutient que les repas arrosés de vin n’étaient pas la norme à son époque.
« C’est peut-être arrivé à quelques occasions, mais généralement il n’y en avait pas », a-t-il dit au Journal. Il se questionne également sur le nombre important d’invités lors des réunions du BAN.
Du côté de l’assemblée nationale, on affirme que « cette pratique existait avant la présidence de M. Chagnon », sans indiquer à quel moment elle est apparue.
HOMARD DE LA GASPÉSIE
Quant aux repas plus coûteux, « il est de coutume que lors de la dernière réunion, avant l’été, les membres du Bureau font un dîner au homard de la Gaspésie », dit le président Chagnon.
Ce homard est décortiqué par les employés du restaurant Le Parlementaire pour éviter aux députés de se salir les mains.