Le Journal de Quebec

Lapresse demeurera fédéralist­e

André Desmarais, le patron de Power Corporatio­n, a témoigné en commission parlementa­ire hier

- PATRICK BELLEROSE

Même indépendan­t, le quotidien La Presse conservera sa ligne éditoriale fédéralist­e, prévoit son actuel propriétai­re.

« Depuis 1970, après recension, invariable­ment à chacune des élections, à chacun des référendum­s, La Presse a pris la même position éditoriale en faveur de la formation politique représenté­e par la ministre [libérale], en faveur de l’option fédéralist­e », a souligné hier le député péquiste Pascal Bérubé, en commission parlementa­ire sur le projet de loi qui permettra au quotidien de devenir un organisme à but non lucratif et de bénéficier ainsi de dons et de subvention­s.

Malgré ce changement de statut, le président de Power Corporatio­n, André Desmarais, a dit s’attendre à ce que la mission de La Presse demeure sensibleme­nt la même. « Est-ce qu’elle sera fédéralist­e ? La réponse, probableme­nt, c’est oui. Je serais surpris que La Presse change sa façon aussi considérab­lement sur sa mission », a-t-il déclaré.

Et cette ligne éditoriale, a-t-il précisé, « ne supporte pas un parti séparatist­e qui veut séparer le Québec du Canada ».

QUESTION DE SURVIE

Toutefois, André Desmarais assure que le futur OBNL sera indépendan­t, en dépit des sommes que Power Corporatio­n versera pour se départir de La Presse. « Je peux vous répondre que notre 50 millions $ n’a pas d’attache », a-t-il dit.

L’éditeur actuel de La Presse, Guy Crevier, a également rappelé que la famille Desmarais était intervenue « avec parcimonie » lors des référendum­s et des élections. « Maintenant, s’il n’y a plus personne qui intervient, il va falloir qu’on discute à l’interne de comment on va aborder ces questions-là, en toute indépendan­ce », dit-il.

Même s’il admet avoir un « pincement au coeur » à l’idée de se départir du quotidien montréalai­s, André Desmarais estime que « La Presse, telle quelle, aurait beaucoup de difficulté à survivre » sans un changement de statut.

« AFFRONT MAJEUR À LA DÉMOCRATIE »

Pour le moment, seule la députée indépendan­te Martine Ouellet affirme qu’elle pourrait s’opposer à l’adoption du projet de loi privé, qui doit être adopté à l’unanimité. « Je pense que ce serait un affront majeur à la démocratie. Parce que La Presse joue un rôle important dans la démocratie », a commenté Guy Crevier.

« Il y a près de 1200 retraités de La Presse, qui, aujourd’hui, ont un déficit de solvabilit­é, a-t-il ajouté. Si La Presse venait dans le temps à faire faillite, ces gens-là verraient leurs prestation­s réduites. »

Malgré les propos de l’éditeur, Martine Ouellet ne se dit toujours pas convaincue d’appuyer le projet de loi. « C’est-tu lui qui dicte la démocratie ? », a lancé la députée indépendan­te.

La Presse peut toutefois compter sur l’appui du gouverneme­nt Couillard et de la CAQ.

« Il n’appartient pas aux parlementa­ires de s’immiscer dans un média, ni dans son contenu, ni dans sa structure », a déclaré la ministre de la Culture, Marie Montpetit.

Une loi privée adoptée en 1967 prévoit que La Presse doit obtenir l’approbatio­n des élus de l’assemblée nationale pour changer de propriétai­re. La pièce législativ­e visait notamment à s’assurer que le quotidien demeure propriété québécoise. Le projet de loi privé présenteme­nt à l’étude doit être adopté à l’unanimité avant la fin de la session parlementa­ire, la semaine prochaine. Sinon, le processus devra être repris l’automne prochain.

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