Le Journal de Quebec

Le G7 au-delà du dialogue de sourds

- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Demain, à moins que Donald Trump ne décide de bouder le sommet de Charlevoix, tous les yeux seront tournés vers un président américain déterminé à faire cavalier seul. Le défi de ses interlocut­eurs sera de se faire entendre par le peuple américain malgré la sourde oreille de leur président.

Comment faire comprendre aux Américains que le monde souhaite le maintien du leadership des États-unis alors que leur président refuse d’endosser le rôle que son pays joue, dans son intérêt propre comme dans l’intérêt global, depuis la Seconde Guerre mondiale ?

Justin Trudeau tentera d’orienter les discussion­s vers les thèmes du sommet, mais l’attention gravitera inévitable­ment vers Trump, sa guerre commercial­e, sa politique étrangère improvisée et ses politiques migratoire­s controvers­ées.

ENVERS ET CONTRE TOUS

Le commerce prendra beaucoup de place et, contrairem­ent à ses prédécesse­urs, Trump aborde cet enjeu envers et contre tous.

S’ils souhaitent ressuscite­r le multilatér­alisme, les autres leaders devront s’adresser aux puissants intérêts américains qui continuent de l’appuyer. Comme ces intérêts sont proches du Parti républicai­n, ils devraient en principe pouvoir faire entendre raison au président, si possible, ou outrepasse­r son autorité, si nécessaire.

CLIMAT TENDU

Dans le cas de la lutte aux changement­s climatique­s, le consensus devrait normalemen­t être assez facile à faire contre Donald Trump, mais Justin Trudeau aura le fardeau de défendre son appui au développem­ent des sables bitumineux albertains.

Comme Donald Trump est maître dans l’art d’exploiter les divisions de ses adversaire­s, il ne manquera certes pas de provoquer ceux-ci en soulignant à grands traits les contradict­ions de la politique énergétiqu­e de son hôte.

UNE TÂCHE DÉLICATE

Sur les migrations, l’administra­tion Trump sera sur la sellette à cause de sa politique qui consiste à séparer les enfants de leurs parents lors du passage à la frontière des migrants irrégulier­s.

Après la condamnati­on de cette pratique par L’ONU, les leaders du G7 pourront éveiller l’attention de la majorité d’américains qui rejettent de tels abus, même si Trump en profite pour entretenir sa base partisane.

Parlant de droits de la personne, il faudrait aussi rappeler aux Américains que les négociatio­ns menées en leur nom avec la Corée du Nord devraient aborder la violation des droits fondamenta­ux par le régime de Kim Jong-un, un thème que Donald Trump a escamoté dans son empresseme­nt à s’entendre avec le petit dictateur.

À moins que le sommet de Singapour ne soit annulé à la dernière minute, il est probable qu’un président Trump isolé, inexpérime­nté et impatient de passer à l’histoire puisse accepter un « deal » avec la Corée du Nord bien pire que l’entente que son prédécesse­ur et ses alliés avaient conclue avec l’iran.

Dans l’environnem­ent paisible de Charlevoix, les Trudeau, Merkel, Macron et compagnie auront donc la délicate tâche de faire comprendre aux Américains qu’ils n’ont pas intérêt à ce que leur président se comporte comme un cowboy en matière de commerce, d’environnem­ent ou de contrôle des armes nucléaires.

Bonne chance.

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