Le Journal de Quebec

La réunion la plus chère au monde

- DENISE BOMBARDIER

C’est la réunion de sept personnes la plus chère au monde. Il en coûte plus d’un demi-milliard de dollars pour permettre aux chefs d’état et de gouverneme­nt de la France, du Japon, de l’italie, de l’allemagne, des États-unis, du Canada, du Royaume-uni et de l’union européenne de se retrouver en tête-à-tête durant 48 heures.

Au fil des ans, ces rendez-vous sont devenus un fourre-tout. De plus, les pays hôtes doivent établir des camps retranchés compte tenu des risques d’attentats terroriste­s et des manifestat­ions violentes des revendicat­eurs sociaux, y inclus les casseurs, une mouvance internatio­nale qui kidnappe ce genre d’événements.

Si le passé est garant du présent, il y aura de la casse à Québec durant ces deux jours. L’organisati­on de l’événement où les dirigeants se côtoient, se congratule­nt, mais aussi s’affrontent pour tenter d’arriver à un communiqué toujours dilué ne doit-elle pas être remise en question ? N’est-ce pas un prix trop élevé pour que s’exerce par ailleurs la liberté d’expression dans la rue ?

FERMETURE

L’assemblée nationale est fermée, donc les travaux sur la colline Parle- mentaire sont suspendus. Plusieurs ministères à Québec sont aussi fermés et dix mille fonctionna­ires sont mis en congé.

Ainsi, pour permettre à des poignées de manifestan­ts de protester contre le système et contre les politiques, le droit des élus du peuple de discuter est bafoué. Le droit des citoyens à recevoir des services est annulé et suspendu. Même Postes Canada ne distribue pas le courrier dans certains quartiers de Québec.

BARBELÉS

À La Malbaie, les images de barbelés, de grilles encerclant les accès au fleuve dans les prochains jours de même que des détachemen­ts de plusieurs milliers de policiers, de militaires et de gens des services secrets nous plongent dans un mauvais film de guerre appréhendé­e.

La réunion du G7, compte tenu de l’armada qu’elle nécessite et du spectacle désolant qu’elle impose aux population­s des lieux où elle se déroule, est-elle justifiabl­e ?

Et que penser des dommages collatérau­x aux biens publics ? La photo officielle dans le cadre bucolique du Manoir Richelieu où les grands de ce monde souriront devant les caméras est sans doute le seul objectif concret et prévisible de ce sommet.

PERTURBATE­UR

Des observateu­rs n’écartent pas un départ soudain de Donald Trump et la chancelièr­e allemande Angela Merkel a émis jeudi la possibilit­é d’une absence de communiqué commun à la fin de la rencontre. Donald Trump, le perturbate­ur de ce genre de sommet, ne pense, lui, qu’à son tête-à-tête avec Kim Jongun le 12 juin à Singapour. Et il salive déjà à l’idée que son exploit lui accorde le prix Nobel de la paix.

Trump se fiche du G7, estimant qu’il n’existe que le G1, lui-même. Lui qui à ce jour a réussi à tout acheter, même la présidence de son pays. Lui qui ne rêve que du deal à faire avec un adversaire coriace. Lui qui refuse le multilatér­alisme.

La casse au G7, Trump s’en lave les mains. Car à ses yeux, les responsabl­es en sont ces politicien­s modérés réunis à La Malbaie qui sont, croit-il, des incapables.

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La casse au G7, Trump s’en lave les mains.

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