Le Journal de Quebec

Un pour tous, tous contre Trump

- GUILLAUME ST-PIERRE —Avec Maxime Huard, Agence QMI

Le président américain Donald Trump sera attendu de pied ferme par ses alliés du G7, dont le Canada, alors que s’entame aujourd’hui le sommet des sept pays les plus industrial­isés de la planète dans la région bucolique de Charlevoix, au Québec.

De passage à Ottawa, le président français Emmanuel Macron a mis la table du sommet, hier, en invitant les autres pays membres de ce club sélect à ne pas céder à la « loi du plus fort » du président Trump.

DIVISION

Flanqué du premier ministre canadien Justin Trudeau, M. Macron a appelé à résister à « l’hégémonie brutale » que souhaite imposer Donald Trump, quitte à accepter l’idée d’un « G6+1 ».

Cette expression incarne la profonde divergence qui existe entre les États-unis et les autres pays membres du G7 sur des sujets fondamenta­ux, comme l’environnem­ent et le libre-échange.

« Peut-être que ça lui est égal aujourd’hui au président américain d’être isolé, mais nous, ça nous est aussi égal d’être à six », a tranché M. Macron, combatif.

Justin Trudeau a pour sa part assuré qu’il se montrera « extrêmemen­t ferme » dans ses discussion­s avec son voisin du Sud, particuliè­rement en ce qui concerne le commerce.

RIPOSTE

Donald Trump a répliqué aux leaders canadien et français sur Twitter en soirée, en affirmant que le Canada et la France « facturent des tarifs massifs aux États-unis ». « J’ai bien hâte de les voir demain [aujourd’hui] », a-t-il conclu, défiant.

Conscient de l’accueil qui l’attend au Québec, Donald Trump se serait même plaint d’être forcé à passer deux jours au Canada en compagnie de Justin Trudeau, a rapporté le réputé

quotidien américain Washington Post, hier.

Emmanuel Macron a aussi tenu à souligner que le Canada, la France, l’allemagne, le Royaume-uni, l’italie et le Japon forment ensemble un plus gros marché que les États-unis.

Le Français a fait remarquer que « nul d’entre nous n’est éternel », pour souligner que le règne autoritair­e du président américain prendrait fin un jour et qu’entre-temps, les États ne devaient pas abdiquer leurs responsabi­lités.

En froid avec M. Trump, la chancelièr­e allemande Angela Merkel a quant à elle déclaré cette semaine qu’elle s’attendait à de la « controvers­e » au sommet du G7.

SCHISME

Les différence­s de vues entre Trump et les autres sont profondes et multiples sur l’environnem­ent, le libre-échange et l’accord sur le nucléaire iranien.

Le contexte difficile dans lequel s’amènent au Québec les leaders du G7 place Justin Trudeau sur la corde raide, selon plusieurs experts.

Ce dernier ne pourra pas cette fois-ci jouer le rôle historique du Canada en s’installant dans le siège du médiateur entre les États-unis et l’europe.

« Donald Trump force Trudeau à prendre position », constate le professeur Régis Coursin, de l’université de Montréal.

S’il a l’obligation de se montrer ferme, Justin Trudeau doit en même temps éviter que Trump claque la porte du sommet, soutient Frédéric Mérand, du Centre d’études et de recherches internatio­nales.

« Il devra trouver l’équilibre pour ne pas être trop complaisan­t envers Trump, tout en essayant de le garder à la table », ajoute l’expert.

Newspapers in French

Newspapers from Canada