Le Journal de Quebec

Il fallait faire sortir « le méchant », disait le pasteur Guillot

- KATHLEEN FRENETTE

Au tournant des années 2000, le pasteur Claude Guillot invitait les parents de son Église à donner la correction physique à leurs enfants avec la palette de bois et cette dernière ne devait pas « que faire peur », mais bien « faire mal » pour faire sortir « le méchant ».

Cette parole, Éric (prénom fictif), qui était tout jeune lorsqu’il a commencé à fréquenter l’église évangéliqu­e baptiste de Québec-est, dit l’avoir entendue de la bouche du pasteur accusé d’avoir posé des gestes de violence à l’égard de six enfants.

S’il ne fait pas partie de ces présumées victimes qui auraient été battues, harcelées ou séquestrée­s, ses yeux d’enfants et d’adolescent­s, eux, ont vu la mainmise que l’homme d’église avait sur ses fidèles et la discipline de fer imposée par ce dernier dans « l’école » qu’il opérait dans le quartier Chauveau à Québec.

UNE TRANCHE DE PAIN

« Il y avait là un garçon, Simon [prénom fictif], plus jeune que moi. Lui, je ne sais pas pourquoi, mais il était toujours en discipline », a-t-il raconté pendant que défilaient sur l’écran du tribunal des photos prises à l’époque de « l’école » au sous-sol.

Sur l’une d’elles, on y voit Éric et ses camarades déguster un repas. Si la plupart semblent manger de la viande et des pommes de terres en purée, Simon, lui, n’a qu’une tranche de pain à se mettre sous la dent.

« J’ai souvenir de le voir manger du pain seul ou avec du beurre de peanuts... parfois, ce n’était que des toasts Melba pendant que nous, on mangeait nos repas », a-t-il précisé en ajoutant que, du plus loin qu’il se souvienne, Simon avait toujours été mis de côté.

« Vers l’âge de 16 ou 17 ans, j’ai eu des désirs sexuels comme tout adolescent, mais comme on enseignait que c’était mal et péché, j’en ai parlé à Claude Guillot pour essayer de combattre ce phénomène-là. C’est à ce moment que je suis devenu un cas à problème », a-t-il dit. Des jours entiers, il devait lire la bible et, à la maison, il voyait ses repas être coupés.

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PHOTO COURTOISIE À l’école du pasteur Claude Guillot, tous n’avaient pas droit au même repas.

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