Les Canadiens se plaignent du manque d’accès à l’information
OTTAWA | Le nombre de plaintes déposées par les Canadiens se disant brimés dans leurs droits d’accès à l’information par le fédéral a bondi de 25 % en un an. Une situation causée par un manque urgent de ressources, avertit la commissaire à l’information.
« C’est partout pareil chez nous et dans les ministères : il y a une augmentation du volume de travail, mais aucune nouvelle ressource […] Il faut agir, lance en entrevue la nouvelle commissaire à l’information, Caroline Maynard. L’accès à l’information est un droit primordial des citoyens. »
Selon son rapport annuel déposé hier, le Commissariat à l’information a reçu pas moins de 2597 nouvelles plaintes en 20172018, de loin le plus grand nombre depuis cinq ans. Il s’agit d’une augmentation de 25 % comparativement à l’année précédente.
Ayant aussi hérité d’un arriéré de 2865 plaintes toujours incomplètes, le nombre total que devra traiter l’équipe de la commissaire était de 3489 plaintes en date du 31 mars dernier.
Mais son équipe étant débordée, le temps de traitement de chaque plainte est passé d’environ 4,5 mois à 11 mois en un an.
PLUS DE RESSOURCES
Or, Mme Maynard ne prévoit pas d’amélioration à l’horizon si Ottawa ne lui fournit pas davantage de financement récurrent. D’après elle, augmenter son budget annuel (12 millions $) de 2 millions $ suffirait au moins à « garder le bateau à flot ».
« Selon les chiffres, on s’attend à compléter 2100 dossiers cette année. Donc, non, c’est impossible de diminuer les arrérages avec le montant de ressources que j’ai. C’est une discussion que j’ai en ce moment avec le Conseil du Trésor au sujet de mon budget, qui n’a pas été augmenté depuis six ans », soupire la commissaire.
Évidemment, le problème ne se résume pas seulement à son manque de ressources, dit-elle, en implorant chaque ministère d’investir davantage dans leurs unités d’accès à l’information.
PIÈTRE FIGURE POUR LA GRC
Ce n’est pas la première fois que des problèmes d’accès à l’information au fédéral font les manchettes.
Pour une troisième année de suite, c’est la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui trône au palmarès des institutions canadiennes ayant fait l’objet du plus grand nombre de plaintes l’an dernier, avec 435.
C’est près de deux fois plus qu’immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et l’agence du revenu, respectivement deuxième et troisième ( voir le tableau).
« La GRC, c’est malheureux, mais ils sont débordés de demandes d’accès. Il y a plusieurs stratégies qui sont présentement explorées, parce qu’il y a quelque chose comme 8000 demandes d’accès ouvertes en ce moment […] Ils sont en train de rebâtir leur service », soupire Mme Maynard.