Mort d’un habile caïd de la drogue
Il était le beau-père d’un des fils de Vito Rizzuto
Le clan Rizzuto a récemment dit adieu à l’un de ses plus habiles caïds de la drogue, que seule une audacieuse enquête policière avait permis d’écrouer.
Emanuele Ragusa, qui était le beau-père d’un des fils du parrain Vito Rizzuto, a succombé à une crise cardiaque le 18 mai dernier, a appris Le Journal.
La mort et les funérailles du Montréalais de 78 ans n’ont pas fait grand bruit, à l’image de ce narcotrafiquant qui menait ses affaires discrètement. Ragusa aurait trempé dans le monde interlope durant plusieurs décennies, mais il a toujours échappé à la justice. Sauf une fois.
BIEN BRANCHÉ
En 1981, quand le chef de la famille mafieuse Bonanno de New York, Joseph Massino, a demandé à Vito Rizzuto de venir l’aider à faire du « ménage » dans son clan, celui-ci se serait rendu à Brooklyn avec Ragusa.
C’est ce qu’ont déclaré à la police Massino et son bras droit, Good Looking Sal Vitale, une vingtaine d’années plus tard, en devenant délateurs et en incriminant Rizzuto dans trois meurtres. Ragusa n’a jamais été arrêté dans cette affaire qui a mené à l’incarcération du parrain entre 2004 et 2012.
Les policiers ont longtemps soupçonné Ragusa d’orchestrer des importations massives de cocaïne grâce à ses contacts avec le clan de narcotrafiquants siciliens Caruana-cuntrera. Il a d’ailleurs donné la main d’une de ses filles à un cousin du caïd Alfonso Caruana, selon le livre Mafia Inc. des journalistes André Cédilot et André Noël.
FAUX BUREAU DE CHANGE
Mais en 1990, la GRC a concocté une arnaque de génie aux dépens de la mafia en ouvrant un bureau de change fictif sur le boulevard De Maisonneuve, au centreville de Montréal.
Des mafieux y ont ensuite blanchi 140 millions $ en argent sale, tout en donnant des indices sur plusieurs importations de drogue que la police a pu déjouer.
En août 1994, Ragusa et une cinquantaine d’autres suspects se faisaient coffrer.
Libéré sous caution, il a pu voir sa fille Eleonora se marier avec le fils aîné de Vito Rizzuto, Nick Junior, assassiné par balles en 2009. À l’été 1996, Ragusa s’est avoué vaincu et a plaidé coupable, écopant de 12 ans de pénitencier.
– Avec Félix Séguin, Bureau d’enquête