Le Journal de Quebec

Toxicité populaire

- LISE RAVARY

On dit qu’il ne se passe jamais rien au G7, mais pas cette fois. La rencontre à La Malbaie a révélé l’ampleur du désastreux désaccord entre l’europe, le Japon, le Canada et Donald Trump.

Mais il s’en fout, le grand orange : sa popularité aux États-unis augmente depuis qu’il a évincé ses deux derniers conseiller­s modérés, Gary Cohn à l’économie et H.R. Mcmaster à la sécurité nationale et qu’il a durci ses positions sur le commerce.

Son taux d’approbatio­n oscille entre 40 % et 47 %, selon le sondage, avec une moyenne de 41,6 %, un résultat semblable à celui de Ronald Reagan au même point dans son mandat.

ILLUSION D’OPTIQUE

Trump est toxique. Pas tant pour ses politiques que pour ses défauts de caractère : son narcissism­e maladif, son absence d’empathie, sa conviction que les riches sont plus méritoires que le reste de l’humanité et sa dépendance au mensonge.

Ses électeurs ont cru qu’il allait nettoyer la fosse à purin qu’est Washington, ressuscite­r des industries agonisante­s comme le charbon et s’occuper des oubliés des États du Midwest négligés par les démocrates.

Or, Washington est plus corrompue que jamais. Il n’y a jamais eu autant de lobbyistes en ville. Ils descendent au Trump Hotel pendant que la Première famille s’enrichit sur le dos de la présidence.

Le charbon ? À la fin de 2017, seulement 900 nouveaux emplois miniers avaient été créés, selon le U.S. Bureau of Labor Statistics. Les prix sont au plus bas, mais les ventes, en chute libre.

Les oubliés du système voient leur seule protection en cas de maladie, l’obamacare, fondre comme neige au soleil. Les enfants pauvres sont frappés de plein fouet par des coupes en santé. Pour couvrir ses baisses d’impôts, le gouverneme­nt abolira plusieurs programmes sociaux clés dans un pays qui en compte si peu comparativ­ement au reste de l’occident. Sans compter l’assaut contre l’école publique.

Et pourtant, la base de Donald Trump, des hommes blancs sans diplômes qui dépendent plus que l’américain moyen des programmes anti-pauvreté, ne lui a pas retiré son soutien.

Pourquoi ?

GUERRE CULTURELLE

L’appui à Donald Trump repose davantage sur son rôle dans ce que les Américains appellent la guerre culturelle ( culture war) pour l’identité américaine que sur l’économie, surtout quand elle se porte bien, comme maintenant.

Ses supporteur­s voient ses défauts, mais ils les ignoreront tant que Trump s’opposera à l’avortement, aux toilettes pour transgenre­s, au contrôle des armes à feu, aux politiques environnem­entales, à l’immigratio­n et qu’il dénoncera les grands médias.

Ils ont la nostalgie d’une Amérique blanche, chrétienne, qui roulait en V8, où les femmes se taisaient et les hommes décidaient.

Trump s’affiche comme un leader fort qui agit, qui se fiche de la rectitude politique, qui n’a pas besoin de la Constituti­on, de l’état de droit, des médias — et surtout pas de Justin Trudeau — pour Make America Great Again. Cela plaît !

Son comporteme­nt au G7 aussi. Sa base applaudira toujours quand des étrangers, ces êtres inférieurs, se feront donner l’heure par le président.

Les autres pays ? Qui en a besoin ?

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Il s’affiche comme un leader fort qui agit, qui se fiche de la rectitude politique
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