Le Journal de Quebec

Des Québécois pour élucider un meurtre haineux aux É.-U.

Ils auraient reçu les aveux du meurtrier de deux femmes

- MICHAËL NGUYEN

Les autorités américaine­s ont obtenu l’autorisati­on de forcer trois Québécois à témoigner contre un autre Québécois accusé du meurtre haineux de deux lesbiennes, survenu aux États-unis il y a 30 ans.

« À des degrés différents [les trois Québécois] ont tous indiqué qu’ils ne témoignera­ient pas au procès. L’état du New Hampshire croit que ces déposition­s seront utiles à la poursuite », peut-on lire dans le dossier de demande judiciaire déposé à Montréal.

C’est que les États-unis veulent à tout prix faire condamner Anthony Barnaby pour les meurtres de Charlene Ranstrom et Branda Warner, un couple de lesbiennes sauvagemen­t assassinée­s chez elles en octobre 1988.

« Il y a une preuve significat­ive selon laquelle Barnaby avait de l’animosité envers les victimes à cause de leur orientatio­n sexuelle », révèle le document de cour.

PREUVE

Barnaby, un résident de Listuguj en Gaspésie, vivait à l’époque dans le même immeuble d’habitation que les deux victimes. Il avait été accusé de meurtres au premier degré, mais lors de ses trois procès en 1989 et 1990, le jury a été incapable d’en arriver à un verdict unanime.

Les nouvelles technologi­es qui n’étaient pas disponible­s à cette époque ont permis aux enquêteurs d’amasser de la nouvelle preuve. Des tests D’ADN avaient ainsi permis de découvrir qu’une des victimes avait été agressée sexuelleme­nt par un complice de Barnaby, David Caplin.

Caplin a plaidé coupable de meurtre au second degré en février dernier, écopant d’une peine allant jusqu’à 40 ans d’incarcérat­ion. « Il n’y a pas de preuve scientifiq­ue liant Barnaby à la scène de crime », indiquent toutefois les procureurs américains dans le dossier.

AVEUX

Mais les enquêteurs n’ont pas lâché le morceau. Des années plus tard, ils ont réalisé que Barnaby avait fait des aveux à des proches, à l’époque où il vivait au Québec.

« Alors qu’ils buvaient dans le bois, Barnaby aurait dit qu’il planifiait de tuer deux “fucking lesbiennes” qui vivaient dans son immeuble. Selon [un des témoins], Barnaby voulait tuer ces femmes parce qu’elles étaient lesbiennes », affirment les autorités.

Un autre témoin a reçu des confession­s voulant que l’accusé avait « de la haine » pour les deux femmes.

« Il aurait dit avoir “volé leur câble” et tailladé leurs pneus », assurent les autorités.

Comme le procès de Barnaby doit commencer dans les prochaines semaines et que ces personnes ne voulaient pas témoigner, les États-unis ont déposé d’urgence une demande d’entraide, acceptée la semaine dernière. Les témoignage­s devraient être présentés par visioconfé­rence au palais de justice de New Carlisle en Gaspésie, dans trois semaines.

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ANTHONY BARNABY Accusé

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