Le Journal de Quebec

La boxe pour lutter contre le deuil de son conjoint

Une femme choisit de donner au suivant à la suite du décès de son amoureux

- STÉPHANIE MARTIN

Mélodie Verreault a reçu un solide jab il y a deux ans quand elle a perdu son amoureux des 20 dernières années et père de ses deux enfants. Elle choisit maintenant de donner au suivant en boxant au profit de Deuil-jeunesse.

La vie de la famille de Charlesbou­rg a basculé le 22 juillet 2016. En rentrant à la maison, Mélodie a trouvé son conjoint, Steve Villeneuve, sans vie. Il était décédé subitement, à 38 ans.

Mélodie a été plongée en pleine tempête. Sa moitié, celui avec lequel elle faisait équipe depuis si longtemps, n’était plus là pour l’accompagne­r.

« C’est un jab complet. Je devais soigner mon deuil et celui des enfants. » Elle n’avait qu’un objectif : tout faire pour que Maya, 9 ans, et Zack, 6 ans, traversent l’épreuve sans séquelles. « Je me disais sans cesse : “Je ne veux pas échapper mes enfants.” »

Deuil-jeunesse est arrivé dans leur vie quelques jours après le décès. « Ils nous ont pris en charge, les enfants et moi. Ils leur ont expliqué les choses, avec des mots qu’ils pouvaient comprendre. Ils leur ont expliqué ce que sont des funéraille­s, une urne, un cercueil, un cimetière. Il faut leur amener une forme de réalité. On peut continuer de faire vivre la personne, mais sans créer un monde de Calinours. »

Encore aujourd’hui, Deuil-jeunesse continue d’être utile pour eux, raconte la maman. Ils les accompagne­nt, apaisent leurs craintes et leur anxiété.

Mais pour Mélodie, la route a été longue et ardue. Alors que les premiers mois se sont passés sous l’adrénaline, le choc post-traumatiqu­e a frappé en janvier 2017. Les idées noires l’ont hantée. « J’ai cassé. »

DÉFOULEMEN­T

C’est une amie qui l’a incitée à essayer la boxe. « Ça me défoule, ça fait du bien. J’ai découvert que ça pouvait me servir d’exutoire. Je n’aurais pas pu sortir ma colère d’une autre façon que par ça. »

Le Journal l’a rencontrée à Lac-beauport, dans le gym où elle s’entraîne avec son coach René Perreault. Sur le mur, devant le punching-ball, une citation de Mohamed Ali : « N’abandonne pas. Accepte de souffrir maintenant et deviens un champion pour le reste de ta vie. »

Pour l’entraîneur, il était important d’ac- compagner Mélodie dans son cheminemen­t. « Je ne suis pas psychologu­e, mais je peux l’aider à sortir le méchant. C’est important qu’elle renforce son estime d’elle-même et de lui montrer que c’est gros ce qu’elle accomplit. »

GALA PHILANTHRO­PIQUE

Femme de défis, Mélodie Verreault a accepté de participer au gala de boxe philanthro­pique Encaisser pour redonner, organisé par Boxe inc. et René Perreault, au bénéfice de Deuil-jeunesse, qui célèbre cette année ses 10 ans. Vendredi, au Concorde, avec des entreprene­urs de la région, elle montera sur le ring pour un combat, non sans fébrilité.

« J’ai toujours su que j’allais m’en sortir. Je ne savais juste pas quand, ni comment. »

Elle enfilera les gants pour démontrer qu’il y a de la lumière au bout du tunnel. « Je n’aurais jamais pensé que je pouvais toucher le fond à ce point. Je dois me refaire. Ça faisait 20 ans que je parlais au nous. Je dois maintenant apprendre à parler au je. Si je peux aider une seule personne à comprendre qu’on est capable de s’en sortir, ce sera bien. Il faut demander de l’aide. Il y a toujours une solution. »

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Mélodie Verreault s’entraîne depuis un an et demi à la boxe. Un sport intense qui l’a aidée à traverser le deuil de son conjoint et qui lui permet aujourd’hui d’aider une bonne cause.
PHOTO STEVENS LEBLANC Mélodie Verreault s’entraîne depuis un an et demi à la boxe. Un sport intense qui l’a aidée à traverser le deuil de son conjoint et qui lui permet aujourd’hui d’aider une bonne cause.

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