Le Journal de Quebec

L’avenir incertain de La Presse

- Marcel Perron

À la suite d’une loi de 1967, votée par l’assemblée nationale du Québec, qui prévoit la nécessité d’obtenir l’assentimen­t de cette même Assemblée pour céder ou vendre la propriété de ce quotidien, la famille Desmarais s’adresse au gouverneme­nt pour officialis­er son projet de cession de La Presse à un OBNL. Ce changement de statut permettrai­t aux nouveaux propriétai­res de profiter de subvention­s gouverneme­ntales et de bénéficier de dons de charité qui généreraie­nt des crédits d’impôt pour les donateurs. Évidemment, la majorité de la population est d’accord pour assurer la survie de ce fleuron de la presse écrite du Québec. Cependant, il y a lieu de se questionne­r sur la pertinence du choix retenu par Gesca. Le virage numérique de La Presse et la gratuité n’ont pas généré les revenus escomptés, car les entrées publicitai­res ne sont pas au rendez-vous. Le maintien en vie de ce quotidien de prestige reposera-t-il en partie sur l’apport financier de l’état ? En ce sens, des concurrent­s tels Québecor Media et Le Devoir, qui sont d’accord avec des programmes normés de subvention­s aux médias, considèren­t que cette aide gouverneme­ntale nouvelle dans le financemen­t risque de leur causer préjudice. Par souci de justice, la Fondation des amis du Devoir devrait pouvoir bénéficier des mêmes avantages étant elle-même une forme D’OBNL.

En ce qui concerne les dons de charité, qui seront les donateurs ? La proximité de La Presse avec le milieu des affaires n’attirera-t-elle pas de grandes entreprise­s à contribuer au financemen­t ? Si oui, la ligne éditoriale pourra-t-elle en souffrir, d’autant plus que l’idéologie fédéralist­e est déjà présente dans L’ADN de ce quotidien ? Mais c’est la pérennité de celui-ci qui est en cause.

Les nouveaux propriétai­res, malgré l’apport financier du gouverneme­nt et des donateurs, réussiront-ils à maintenir ce journal en vie ? J’ose croire que Power Corporatio­n n’a pas sous-traité la fermeture de La Presse à un OBNL qui porterait alors l’odieux de cette mort médiatique.

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