Le Journal de Quebec

Interminab­le identifica­tion des victimes

Seulement 41 des 110 personnes tuées par le volcan ont été identifiée­s jusqu’à maintenant au Guatemala

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ESCUINTLA | (AFP) Dans une morgue improvisée à Escuintla, des dizaines de personnes errent, photos en mains, dans une quête angoissée pour retrouver et enterrer les corps de leurs proches, foudroyés par l’éruption du « Volcan de feu » il y a une semaine au Guatemala.

« Ce sont pas des animaux, mais des personnes », lance à L’AFP Boris Rodríguez, 24 ans, qui est parvenu à arracher les corps de dix membres de sa famille à l’avalanche de cendres et de roches incandesce­ntes qui a dévasté San Miguel Los Lotes.

Cette petite bourgade, située à 35 km au sud-ouest de la capitale Guatemala, a été quasiment rasée dimanche dernier par l’éruption d’une violence inédite du volcan, qui a fait 110 morts, 57 blessés et 197 disparus, selon le dernier bilan officiel.

Depuis, les familles éplorées se pressent dans la petite morgue aménagée dans une école de la ville voisine d’escuintla, où sont rassemblés les restes des victimes.

SIX JOURS D’ATTENTE

« C’est trop dur d’avoir pu récupérer les corps, mais de ne pas pouvoir les veiller », se désole Boris Rodríguez, debout à côté d’une pile de cercueils mis à la dispositio­n des familles trop modestes pour pouvoir se les payer.

Le jeune homme n’a pas bougé depuis lundi, jour où il a amené à la morgue les dix corps de ses proches. Depuis, il attend. Six jours ont passé, mais aucun n’a pu être identifié.

Comme lui, nombreuses sont les familles qui attendent désespérém­ent ici de pouvoir veiller et inhumer leurs morts. Et elles commencent à perdre patience, devant l’interminab­le travail d’identifica­tion mené par les autorités.

Le processus est lent et difficile, entre la recherche minutieuse de traces D’ADN et les entretiens à mener avec les familles. Sur les 110 corps recueillis à la morgue, seuls 41 ont pu être identifiés, selon l’institut national de médecine légale (Inacif).

ALERTE TARDIVE

Autre reproche aux autorités, beaucoup pensent ici que la tragédie aurait pu être évitée si la protection civile avait lancé l’alerte et évacué à temps la population, ajoute Enma Pamal, qui a appris la catastroph­e alors qu’elle se trouvait à des milliers de kilomètres du Guatemala.

Cette femme de 46 ans, émigrée aux États-unis depuis plus de vingt ans, a sauté dans le premier avion possible lorsqu’elle a su que son village natal avait été rasé par l’éruption. Elle y a perdu 18 membres de sa famille.

« Qu’ils arrêtent de nous dire de prendre patience », martèle Enma, visiblemen­t éprouvée par le parcours du combattant nécessaire à la restitutio­n des corps.

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PHOTO AFP Pour les premières victimes identifiée­s, une procession funéraire, suivie par près d’un millier de personnes, s’est tenue hier dans la petite ville de San Juan Alotenango.

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