Le Journal de Quebec

Un déficit de près de 3,3 millions $

C’est la première fois depuis 2012 que L’OIF dirigée par la Québécoise Michaëlle Jean se retrouve dans le rouge

- ALEXANDRE ROBILLARD

L’organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie, dont la gestion de sa secrétaire générale Michaëlle Jean suscite la controvers­e depuis des mois, a terminé l’année 2017 avec un manque à gagner de près de 3,3 millions $, a appris notre Bureau d’enquête.

Cette situation a été exposée en mai aux représenta­nts des États et gouverneme­nts membres de l’organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie (OIF), dont le Québec et le Canada, indiquent des documents que nous avons obtenus.

Ce « résultat déficitair­e » survient au terme d’une année 2017 durant laquelle des dépenses de 126,7 M$ ont excédé des revenus de 123,5 M$.

La Cour des comptes du Maroc, qui a vérifié les états financiers de L’OIF, a dressé un constat clair dans son rapport annuel.

Selon le document, L’OIF a enregistré un « déficit [solde net négatif] de l’exercice 2017, de 2139 k€ », soit 3,272 M$.

Ce constat est tiré à partir d’états financiers que L’OIF a établis en suivant la norme comptable internatio­nale pour le secteur public (IPSAS). Selon les documents de l’organisati­on, cette norme « améliore la qualité et la transparen­ce de l’informatio­n financière ».

UNE PREMIÈRE

Depuis l’adoption de cette norme par L’OIF, en 2012, l’institutio­n n’avait jamais déclaré de déficit.

Lors d’une réunion prévue en juillet, les représenta­nts des États et gouverneme­nts membres de la Francophon­ie vont se prononcer sur une résolution proposant d’éponger le déficit de l’an dernier grâce au fonds de réserve de L’OIF, qui est de 35,3 M$.

Un porte-parole de L’OIF, Bertin Leblanc, a soutenu qu’il ne faut pas se fier aux chiffres établis à partir de la norme IPSAS même si, de son propre aveu, elle est également utilisée « par les Nations Unies, L’OCDE [Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s] et toutes les grandes organisati­ons internatio­nales ».

AUTRE CALCUL

« Dire que les charges ont été supérieure­s aux recettes est faux puisque certaines des charges, en plus d’être lointaines dans le temps [nous parlons ici en dizaines d’années], peuvent ne pas se matérialis­er », a-t-il écrit par courriel, en rappelant que la Cour des comptes a approuvé sans réserve les états financiers de L’OIF.

Il a préféré mettre de l’avant les résultats établis à partir d’une méthode de comptabili­té de caisse, qui ne tient pas compte des dettes et créances de L’OIF.

« Le budget 2017 de 84 millions d’euros [128,5 M$] a dégagé un excédent de 16,2 millions d’euros (24,3 M$) », a précisé M. Leblanc.

Selon le porte-parole, le déficit de 3,3 M$ est attribuabl­e à une baisse des revenus provenant de contributi­ons, au taux de change défavorabl­e du dollar canadien et à la hausse des dépenses pour le personnel.

DIFFAMATIO­N ?

L’OIF ne fait aucune mention du projet Hermione, un voyage en mer organisé pour une centaine de francophon­es dont le coût, annoncé à 400 000 $, est estimé à 1 M$.

En 2016, le budget de L’OIF avait été marqué par des dépenses d’un demi-million de dollars pour la rénovation et l’aménagemen­t de l’appartemen­t de Mme Jean, en poste depuis 2015.

Mme Jean, qui souhaite obtenir un nouveau mandat de quatre ans, a récemment affirmé qu’elle était victime de « campagnes diffamatoi­res », concernant sa gestion des fonds publics confiés à L’OIF.

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