Le Journal de Quebec

Le bon et la brute

e Blogueuse au Journal

- JOSÉE LEGAULT josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Donald Trump est fou. Fou furieux, mégalomane et narcissiqu­e, par définition, l’homme est d’une inconstanc­e hallucinan­te. Du moins, c’est le diagnostic que l’on entend sur toutes les tribunes. Le constat est factuel, mais un peu court. Car même les fous, dit-on, ont leur propre logique.

Le président des États-unis n’échappe pas à la règle. Son comporteme­nt avant, pendant et après le Sommet du G7 à La Malbaie en est une autre preuve. Pendant, il s’est fait tout souriant avec ses collègues chefs d’état. Avant et après, ses insultes pleuvaient sur Twitter. Après coup, il se permet même de retirer son appui à la déclaratio­n commune du Sommet.

Certains y voient de la lâcheté. J’y vois plutôt l’art tordu d’un manipulate­ur de premier ordre. Deux gifles entrecoupé­es d’un bisou sur la joue – un grand classique. Sa cible du moment : Justin Trudeau.

Son péché ? En représaill­es pour l’imposition au Canada de nouveaux tarifs douaniers par l’administra­tion Trump, le premier ministre canadien a osé répondre par une surtaxe frappant certains produits américains.

SEUL AU MONDE

La « logique » de Donald Trump, même délirante, est non moins réelle. Primo, isolationn­iste indécrotta­ble, il se fout de blesser son allié canadien. Deuxio, en traitant Justin Trudeau de « faible » et de « malhonnête », il s’adresse surtout à sa base électorale. Son message : regardez bien comme je suis « fort » et « honnête » face à ce peewee de menteur canadien.

À quelques mois des élections américaine­s de mi-mandat, le président Trump n’a pas fini de se faire les muscles sur le dos du Canada, entre autres. Cet homme est seul au monde et cela fait très bien son affaire.

Son électorat, lui aussi, se sent comme la victime d’un monde injuste tout en rêvant d’une Amérique à nouveau toute-puissante. C’est pourquoi Trump le matamore le séduit tant. Dans un pays où l’éducation est un luxe, il n’y a rien d’étonnant à ce que le message victimaire de Trump ait autant de résonance.

CADEAU

Pour Justin Trudeau, le fiel de Trump est un cadeau tombé du ciel. La vague mondiale de sympathie dont il est l’objet vaut son pesant d’or. Face à la brute Trump, le premier ministre canadien est un modèle de tempérance.

Même ses pires adversaire­s au pays, incluant l’ex-premier ministre conservate­ur Stephen Harper, lui offrent leur « solidarité ». À une année et des poussières des élections fédérales, Justin Trudeau a de bonnes chances d’en récolter un second souffle. Le Parti libéral du Canada reculant dans les sondages, ce cadeau involontai­re de Trump n’est sûrement pas de refus.

Comme quoi, pour M. Trudeau, à quelque chose malheur est bon. Qui sait ? En faisant son numéro d’ogre hystérique, Donald Trump, sans le savoir, vient peut-être d’offrir à Justin Trudeau une deuxième victoire électorale. À la condition, bien sûr, que le Canada n’ait pas la malchance de subir une vraie guerre commercial­e dont il sortirait assurément perdant.

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Pour Justin Trudeau, le fiel de Donald Trump est un cadeau tombé du ciel.

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