Le Journal de Quebec

TROIS COURSES… TROIS PROCESSION­S

Les amateurs de F1 laissés sur leur appétit, même à Montréal

- Louis Butcher l ∫ Lbutcherjd­m

Malgré l’introducti­on l’an dernier de voitures plus performant­es, que plusieurs considèren­t comme les plus rapides de l’histoire, la Formule 1 peine à offrir un spectacle digne de la discipline-reine du sport automobile.

Les trois dernières épreuves au calendrier se sont en effet avérées de véritables procession­s sur la piste.

Le Grand Prix du Canada, disputé dimanche au circuit Gilles-villeneuve, a d’ailleurs fait mentir à sa réputation de course imprévisib­le.

À part un départ chaotique marqué par l’accident impliquant Lance Stroll et Brendon Hartley, il ne s’est rien passé par la suite. Le vainqueur, Sebastian Vettel, a mené le défilé de bout en bout.

La même situation s’était aussi produite le mois dernier à Monaco et à Barcelone.

L’entreprise Liberty Media, nouveau propriétai­re de la F1 depuis l’an dernier, s’était donné comme mandat de raviver le spectacle.

À part quelques exceptions en raison de circonstan­ces incontrôla­bles, dont la météo défavorabl­e, elle a lamentable­ment échoué depuis sa prise de contrôle.

REMISE MONÉTAIRE

Et ce n’est pas seulement les amateurs qui sont laissés sur leur appétit. Les principaux acteurs, les pilotes eux-mêmes et pas les derniers venus, se mêlent au débat.

À Monaco, le vétéran Fernando Alonso s’était fait plutôt virulent après une course soporifiqu­e. Et il aurait pu prononcer le même discours deux semaines plus tard à Montréal.

« Il faudrait que la F1 réfléchiss­e au spectacle, avait déclaré l’espagnol à sa sortie de voiture. Malgré des voitures plus imposantes et plus rapides au tour, cette course a été l’une des plus ennuyantes jamais vue. »

« Les organisate­urs auraient dû offrir quelque chose aux fans. Pourquoi ne pas leur rembourser la moitié du prix de leur billet ? Ils ont quitté l’endroit bredouille­s. »

Lewis Hamilton, quadruple champion du monde, a renchéri aux propos d’alonso.

« Dès le sixième tour, avait insinué le pilote britanniqu­e, nous avons pris notre vitesse de croisière et cette course n’en était pas une. C’était plutôt une parade. Les amateurs, qui paient des fortunes pour assister à un Grand Prix, en veulent davantage. »

LES PNEUS EN CAUSE ?

Malgré l’ajout d’une troisième zone de DRS (aileron amovible) pour favoriser les dépassemen­ts à Montréal, c’est plutôt l’effet inverse qui s’est produit.

Les quelques pilotes à avoir gagné des positions l’ont fait en raison d’abandons devant eux ou en effectuant des arrêts plus rapides au puits de ravitaille­ment.

À Montréal, Daniel Ricciardo a réussi à prendre l’avantage sur Lewis Hamilton pour se hisser au quatrième rang.

Ce fut le seul dépassemen­t entre les pilotes des trois écuries de pointe du plateau (Ferrari, Mercedes et Red Bull) au cours de l’épreuve. Or, ce changement de position est survenu à la sortie des puits !

Bon nombre d’observateu­rs montrent du doigt Pirelli, ce fournisseu­r exclusif qui propose trois types de pneus à chaque Grand Prix.

Des analystes estiment, avec raison, qu’il y a trop de choix de gommes et pas assez d’écart entre deux procédés.

Les pneus sont devenus tellement performant­s, notamment les nouveaux hypertendr­es introduits cette année censés être les plus performant­s, mais les moins endurants, qu’ils ont incité les pilotes à ne faire qu’un arrêt au puits de ravitaille­ment pendant le Grand Prix du Canada.

On souhaitera­it, comme à l’époque, qu’un deuxième fabricant de pneus vienne ébranler le monopole de Pirelli.

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PHOTO AFP Sebastian Vettel a mené de bout en bout le défilé qu’a été le Grand Prix du Canada, dimanche au circuit Gilles-villeneuve.
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