Le fédéral répond plus vite aux contribuables en anglais
Une dizaine d’institutions gouvernementales testées
OTTAWA | Si vous voulez avoir une réponse rapide d’un ministère fédéral, mieux vaut le contacter en anglais, car Ottawa répond nettement plus lentement aux courriels de contribuables envoyés en français.
C’est une des observations faites par le nouveau commissaire aux langues officielles Raymond Théberge, entré en fonction en début d’année et qui a déposé son premier rapport annuel.
Le bureau du commissaire Théberge a testé une dizaine d’institutions fédérales pour vérifier si leurs services en personne et en ligne respectaient les langues officielles.
Il a notamment constaté que les réponses aux courriels ou aux formulaires en ligne envoyés au fédéral en français étaient systématiquement plus lentes que lorsque rédigés en anglais.
De plus, pour quatre aéroports visités (Ottawa, Québec, Winnipeg et Moncton), le service n’était disponible dans les deux langues que 61 % du temps auprès des employés de l’administration canadienne de la sûreté du transport aérien.
Pourtant, ces employés accueillaient les voyageurs avec un « Bonjour/hi » lors de 70 % des visites, ce qui signifie que certains voyageurs reçoivent une salutation en français sans qu’un vrai service existe dans cette langue.
Plus de la moitié (51 %) des 894 plaintes reçues par le commissaire au cours de l’année sont au sujet de problèmes de service au public. Le nombre de plaintes est en baisse de 12 % par rapport à l’année précédente, qui était une année record d’insatisfaction en matière de langues officielles.
PAS ASSEZ MORDANT ?
En réponse à ses quelques problèmes, le commissaire s’en est toutefois tenu à quelques recommandations très techniques, comme de réformer l’évaluation des ministères. Elles ont été trop peu critiques du gouvernement libéral, de l’avis des partis d’opposition à Ottawa.
« Un commissaire, on veut que ce soit un chien de garde, qu’il soit prêt de monter aux barricades. Est-ce qu’il a la capacité d’attaquer le gouvernement au moment opportun ? Ça reste à voir », a exprimé le porte-parole en matière de langues officielles, Alupa Clarke.
« On n’a pas vu de mordant jusqu’à maintenant. Mais on va lui laisser le temps, ça fait trois mois qu’il est là, [mais] on ne peut pas se permettre d’avoir un commissaire qui n’a pas de mordant », a souligné le porte-parole du NPD en la matière, François Choquette.