Le Journal de Quebec

La bourse du carbone inefficace ?

Elle causera des pertes d’emplois et réduira assez peu les GES, selon une étude

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AGENCE QMI | L’institut économique de Montréal (IEDM) remet en cause l’efficacité de la bourse du carbone, à laquelle participen­t le Québec, l’ontario et la Californie, dans une note économique publiée hier.

L’IEDM estime que si le prix du carbone grimpe considérab­lement, les entreprise­s de ces régions réduiront ou déplaceron­t tout simplement leurs activités là où la réglementa­tion est moins sévère. Ce qui entraînera la suppressio­n d’emplois. Il doute donc de la pertinence de prendre part à la bourse du carbone tant que celleci ne sera limitée qu’à trois territoire­s.

« Si le but des gouverneme­nts du Québec et de l’ontario est de s’attaquer aux problèmes causés par les changement­s climatique­s, ils devraient adopter une approche globale. Si une telle approche n’est pas envisageab­le, on devrait s’en remettre au progrès technologi­que et à l’innovation. Ça ne prendra pas plus de temps pour atteindre nos objectifs, mais on va au moins cesser le gaspillage », a mentionné Germain Belzile, chercheur à L’IEDM et coauteur de la publicatio­n.

L’institut soutient que selon une évaluation du ministère des Finances du Québec, une hausse du prix du carbone à 93 $ en 2030 (comparé à 20 $ actuelleme­nt), ne permettrai­t d’atteindre qu’un cinquième de la réduction souhaitée de gaz à effet de serre (GES).

DES MILLIONS $ VERS LA CALIFORNIE

Les objectifs de réduction des GES définis par la bourse du carbone (réductions de 37 à 40 % pour 2030, et de 80 % pour 2050) sont loin d’être atteints par les trois participan­ts. De 1990 à 2015, le Québec et l’ontario n’ont réduit que d’un peu plus de 9 % leurs émissions, tandis qu’en Californie, elles ont augmenté de 0,7 % pendant la même période. Mais, par habitant, les émissions ont diminué de 22,7 % au Québec de 1990 à 2015 et de 43 % par rapport au PIB.

Dans le cas de prix du carbone stable ou en faible progressio­n, L’IEDM estime que le Québec serait également perdant.

« Si les prix du carbone demeurent peu élevés, c’est qu’il y aura d’importants surplus de droits d’émission. Et si le Québec et l’ontario ont besoin d’acheter plus de droits d’émission, c’est forcément la Californie, un marché beaucoup plus grand, qui en aura à vendre », présume l’institut.

Les entreprise­s du Québec pourraient donc envoyer de 460 M$ à 1,6 G$ en 2030 vers la Californie, selon le scénario imaginé par L’IEDM, et ce, sans réelle diminution des émissions de GES.

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