LES CLÉS DU SUCCÈS ONTARIEN
L’ontario a transformé une situation d’accessibilité aux médecins de famille « déplorable » en système efficace sur une quinzaine d’années. Pour y arriver, elle n’a pas eu peur de changer ses méthodes pour rendre la pratique familiale attrayante. Résultat ? La province est passée de 81% de résidents inscrits auprès d’un médecin de famille en 2003 à 94% en 2018.
1 HAUSSE DU NOMBRE D’OMNIPRATICIENS FORMÉS
C’est aux alentours de 2003 qu’est survenue la prise de conscience du gouvernement ontarien. La première étape de ce renouveau a été l’inscription massive de futurs omnipraticiens à l’université. « De 23 % d’élèves qui allaient vers la pratique familiale aux alentours de 2005, nous en sommes maintenant à 38 % », fait remarquer le Dr Rick Glazier, chercheur à l’institute for Clinical Evaluative Sciences. Ce virage a permis d’augmenter de 35 % le nombre de médecins de famille pratiquant en Ontario entre 2003 et 2016.
2 MODEDE PAIEMENT MIXTE ALLIANT LA CAPITATION ET LE PAIEMENT À L’ACTE
Une large part des cliniques familiales ontariennes fonctionne sous un modèle de capitation mixte, c’est-à-dire qu’elles sont payées à l’acte, mais en tenant aussi compte du nombre de patients à servir. Les médecins reçoivent un montant forfaitaire pour leur banque de patients, peu importe le nombre de visites dans l’année. Ce montant est modulé selon l’état de santé de chaque patient, et on y ajoute des montants à l’acte pour certaines manipulations précises. « Ça convainc donc les médecins de ne pas faire venir le patient chaque fois parce que ce n’est pas plus payant », explique le Dr Shawn Whatley, président de l’ontario Medical Association.
3 L’APPORT CRUCIAL DES AUTRES PROFESSIONNELS
L’ontario a fait le pari de donner plus de place à d’autres professionnels de la santé. Le nombre d’infirmières praticiennes a notamment bondi de plus de 400 % entre 2003 et 2016, ce qui fait que près de 3000 de ces « super-infirmières » pratiquent maintenant en Ontario, contre environ 500 au Québec. Comme devraient le faire les GMF québécois, les « Family health center » ontarien ont amélioré l’accès en éliminant le travail en silo centré sur les médecins. « On enlève du poids sur les épaules des médecins », indique Rosslyn Bentley, directrice du Credit Valley Family health team. « Dans les systèmes où le médecin est supporté par d’autres professionnels, les médecins ont tendance à voir leurs patients plus longtemps. Ça donne plus de temps pour expliquer l’historique, le réseau, etc. », fait-elle remarquer à propos de la qualité des soins.