Le Journal de Quebec

Un modèle difficile à reproduire au Québ ec, selon les omnipratic­iens

Les médecins québécois doivent passer plus de temps à l’hôpital, ce qui les empêche de prendre plus de patients

- PIERRE-PAUL BIRON

Conscients de l’écart entre le Québec et l’ontario, les omnipratic­iens québécois estiment qu’ils ne pourront jamais atteindre un tel niveau d’accès dans le système actuel, le gouverneme­nt ayant choisi de bâtir un modèle trop différent de celui de nos voisins.

« Il y a une raison fort simple qui explique cette facilité d’accès en Ontario. Ici, un médecin de famille consacre 40 % de sa pratique en établissem­ent hospitalie­r, alors que là-bas, c’est moins de 20 % », lance d’emblée le président de la Fédération des médecins omnipratic­iens du Québec (FMOQ), Dr Louis Godin.

Selon lui, les médecins ontariens peuvent consacrer une journée de plus par semaine à leur pratique en clinique.

« Moi je ne peux pas demain matin dire aux médecins dans des hôpitaux communauta­ires un peu partout dans la province de ne plus aller à l’hôpital. Ce serait la catastroph­e. Les salles d’urgence fonctionne­nt avec des médecins de famille. J’ai 2500 médecins de famille qui travaillen­t là. Ce n’est pas du tout la réalité ontarienne », explique le Dr Godin, soulignant au passage l’apport plus important des médecins spécialist­es dans le réseau hospitalie­r ontarien.

Le président de la FMOQ fait aussi remarquer que l’ambiance des dernières années, causée par les réformes Barrette, n’a pas aidé à attirer les étudiants en médecine vers la pratique familiale.

« On a fait beaucoup pour favoriser la médecine familiale et on avait de bons résultats. On avait amélioré de beaucoup notre score. Mais au cours des dernières années, avec tout ce qui s’est dit sur la médecine familiale et les lois qui sont passées, on a perdu cet attrait-là », précise Louis Godin, déplorant qu’on s’éloigne du ratio idéal de 55 % des finissants en médecine qui choisissen­t la pratique familiale.

MANQUE DE MÉDECINS

Encore cette année, quelque 65 postes de résidents en médecine familiale sont demeurés vacants dans la province, une tendance bien installée depuis quelques années.

« C’est sûr que si j’avais tous les médecins de famille que je devrais avoir », laisse tomber le Dr Godin, laissant deviner que l’objectif d’offrir un médecin de famille à 85 % des Québécois serait atteignabl­e dans des conditions optimales.

L’écart salarial entre les omnipratic­iens et les médecins spécialist­es n’aide pas non plus à convaincre les jeunes médecins de se tourner vers la pratique familiale. Selon les derniers chiffres disponible­s, l’écart entre les deux salaires moyens était de près de 150 000 $ en faveur des spécialist­es.

Autre aspect du modèle ontarien qui fait l’envie de la FMOQ, l’appui d’autres profession­nels comme les super-infirmière­s qui est envisagé comme solution.

« C’est sûr que si on nous donnait plus de personnel pour nous aider, plus d’infirmière­s dans nos GMF, plus d’autres profession­nels, on serait capable de prendre plus de patients », fait remarquer Louis Godin.

À titre comparatif, l’ontario compte environ six fois plus d’infirmière­s praticienn­es spécialisé­es que le Québec.

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