Le Journal de Quebec

Attention aux dérives, prévient une experte

- DOMINIQUE SCALI

Paniers à lavage en guise de chaises, jambes qui pendouille­nt, élèves assis à longueur de journée sur des ballons. Une experte en ergothérap­ie met les enseignant­s en garde contre certaines dérives de la classe flexible.

« Que les élèves aient des postures plus confortabl­es, c’est positif. Mais [les innovation­s] ne sont pas toutes adéquates », prévient Noémi Cantin.

Par exemple, les jeunes devraient avoir les pieds bien ancrés au sol pour écrire. Il faut donc s’assurer que les tabourets ne sont pas trop élevés pour eux.

« Les ballons thérapeuti­ques imposés aux élèves pour de longues heures, c’est une grosse dérive », ditelle à propos de cette situation qui existe dans certaines écoles. Les enfants peuvent compenser le manque de soutien de la colonne vertébrale et développer une scoliose.

« J’ai déjà vu des enfants assis dans des paniers à lavage », illustre-t-elle.

HYPERACTIF­S OU AUTISTES ?

La mode de la classe flexible est apparue aux États-unis il y a quelques années et s’est répandue avant même que les recherches n’aient le temps de conclure à son efficacité, explique Mme Cantin.

« On voit que les enseignant­s veulent de plus en plus modifier leur environnem­ent pour répondre aux besoins des enfants. »

Des élèves hyperactif­s ou qui ont un trouble de l’attention auront tendance à y être plus à l’aise, ayant plus d’opportunit­és de bouger. Mais le réaménagem­ent doit se faire avec précaution, prévient-elle.

« Il faut discuter avec les enfants, leur apprendre ce qu’est une bonne posture et les responsabi­liser. »

Les élèves qui préfèrent le bon vieux pupitre doivent aussi y avoir accès, insiste-t-elle. C’est souvent le cas des enfants autistes qui ont besoin de constance et de régularité. Le côté « chaotique » de la classe flexible peut venir les déstabilis­er.

« Il y aura toujours des enfants qui auront besoin d’un bureau, abonde le directeur de l’école Roslyn, Nicholas Katalifos. Flexible, ça veut dire flexible pour tous, y compris les élèves qui ont besoin d’un environnem­ent plus traditionn­el. »

Il n’a d’ailleurs pas l’intention d’imposer le modèle à tous ses enseignant­s. « C’est leur initiative. Ça dépend du style d’enseigneme­nt. Ce serait contre-productif de les forcer. »

Et ce, même si les parents sont friands du concept et demandent : « Quand estce que mon enfant sera dans une classe flexible ? »

Newspapers in French

Newspapers from Canada