Attention aux dérives, prévient une experte
Paniers à lavage en guise de chaises, jambes qui pendouillent, élèves assis à longueur de journée sur des ballons. Une experte en ergothérapie met les enseignants en garde contre certaines dérives de la classe flexible.
« Que les élèves aient des postures plus confortables, c’est positif. Mais [les innovations] ne sont pas toutes adéquates », prévient Noémi Cantin.
Par exemple, les jeunes devraient avoir les pieds bien ancrés au sol pour écrire. Il faut donc s’assurer que les tabourets ne sont pas trop élevés pour eux.
« Les ballons thérapeutiques imposés aux élèves pour de longues heures, c’est une grosse dérive », ditelle à propos de cette situation qui existe dans certaines écoles. Les enfants peuvent compenser le manque de soutien de la colonne vertébrale et développer une scoliose.
« J’ai déjà vu des enfants assis dans des paniers à lavage », illustre-t-elle.
HYPERACTIFS OU AUTISTES ?
La mode de la classe flexible est apparue aux États-unis il y a quelques années et s’est répandue avant même que les recherches n’aient le temps de conclure à son efficacité, explique Mme Cantin.
« On voit que les enseignants veulent de plus en plus modifier leur environnement pour répondre aux besoins des enfants. »
Des élèves hyperactifs ou qui ont un trouble de l’attention auront tendance à y être plus à l’aise, ayant plus d’opportunités de bouger. Mais le réaménagement doit se faire avec précaution, prévient-elle.
« Il faut discuter avec les enfants, leur apprendre ce qu’est une bonne posture et les responsabiliser. »
Les élèves qui préfèrent le bon vieux pupitre doivent aussi y avoir accès, insiste-t-elle. C’est souvent le cas des enfants autistes qui ont besoin de constance et de régularité. Le côté « chaotique » de la classe flexible peut venir les déstabiliser.
« Il y aura toujours des enfants qui auront besoin d’un bureau, abonde le directeur de l’école Roslyn, Nicholas Katalifos. Flexible, ça veut dire flexible pour tous, y compris les élèves qui ont besoin d’un environnement plus traditionnel. »
Il n’a d’ailleurs pas l’intention d’imposer le modèle à tous ses enseignants. « C’est leur initiative. Ça dépend du style d’enseignement. Ce serait contre-productif de les forcer. »
Et ce, même si les parents sont friands du concept et demandent : « Quand estce que mon enfant sera dans une classe flexible ? »