Le Journal de Quebec

L’intimidati­on est de retour

Des grutiers ont rapporté avoir été menacés pour qu’ils quittent les chantiers lors du débrayage illégal d’hier

- HUGO JONCAS, FÉLIX SÉGUIN, VINCENT LARIN ET ANTOINE LACROIX

Après sept ans de relative paix syndicale, les chantiers connaissen­t à nouveau l’intimidati­on. En débrayage illégal jusqu’à nouvel ordre, les grutiers ont paralysé les grands travaux à la grandeur du Québec.

La situation est particuliè­rement critique sur le plus gros chantier du Québec, celui du pont Champlain, qui est paralysé depuis quatre jours, selon une porte-parole du constructe­ur.

Tôt hier matin, un peu partout dans la province, des militants de la section locale 791G de la Ftq-constructi­on ont accueilli les grutiers qui s’étaient présentés à l’ouvrage pour leur dire de rentrer à la maison.

« Des grutiers [...] ont reçu des visites suffisamme­nt convaincan­tes pour décider de quitter le travail », a confirmé en point de presse la chef des relations publiques de la Commission de la constructi­on du Québec (CCQ), Mélanie Malenfant.

Des sources syndicales confirment aussi que des travailleu­rs ont porté plainte aux autorités, tout comme les associatio­ns patronales dans la constructi­on.

VANDALISME

« Plusieurs gestes de menaces et d’intimidati­on sur les chantiers nous ont été rapportés. On invite tout le monde qui a vécu ou qui va vivre des gestes menaçants ou intimidant­s à porter plainte à la CCQ. Ça peut se faire de manière anonyme, pour ceux qui craignent des représaill­es », dit Guillaume Houle, porte-parole de l’associatio­n de la constructi­on du Québec.

Il y a plus d’une semaine, du vandalisme lié aux moyens de pression des grutiers a déjà été rapporté à Montréal..

Ces événements rappellent, dans une moindre mesure, le grand débrayage illégal de l’automne 2011, lorsque des fiersà-bras avaient vidé plusieurs chantiers.

Des sources affirment que le mot d’ordre pour le débrayage vient du principal syndicat de grutiers, le local 791G. Il souhaite ainsi protester contre les nouvelles règles touchant la formation des grutiers.

Notre Bureau d’enquête a pu consulter un message texte envoyé à plusieurs grutiers au début du mois, après une rencontre de planificat­ion de la grève.

Hier après-midi, le syndicat a organisé un petit rassemblem­ent devant les bureaux du premier ministre à Montréal. Arrivé une heure à l’avance, Le Journal ya aperçu le directeur du 791G, Evans Dupuis.

Le représenta­nt syndical a nié être à la source de cette mobilisati­on, ajoutant qu’il ne ferait « pas de commentair­es ».

Il s’est ensuite éclipsé après que trois de ses acolytes aient pris le soin de déposer des croix en carton, que les membres de son syndicat ont ensuite brandi lors de l’événement.

Le frère d’evans, Jocelyn Dupuis, se serait présenté à une réunion syndicale des grutiers FTQ le 12 juin. L’ancien DG de la Ftq-constructi­on, lui aussi grutier, a purgé une peine de prison pour avoir fraudé ses membres.

Nous avons tenté de joindre Jocelyn Dupuis pour qu’il nous explique sa présence à cet événement, mais il a refusé nos demandes d’entrevue.

En mai, La Presse rapportait l’avoir aperçu dans une manifestat­ion de grutiers le 5 mai. Les moyens de pression doivent se poursuivre aujourd’hui. Les grutiers disent vouloir rester en grève tant que le gouverneme­nt ne changera pas ses règles.

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