Le Journal de Quebec

Éducation : avancer vers où et comment ?

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Le Journal nous apprend qu’une coalition de parents et d’enseignant­s se mobilise pour que l’éducation soit l’enjeu numéro un de la prochaine campagne électorale.

On ne peut que saluer leur volonté d’améliorer les choses.

Pourquoi l’éducation n’est-elle pas un enjeu électoral particuliè­rement important ?

DÉBATS

Il y a quatre principale­s raisons.

Le Québec vieillit. Dans toutes les sociétés vieillissa­ntes, la santé devient, logiquemen­t, le souci dominant.

L’éducation ne donne de résultats qu’à long terme. Les élections se gagnent en misant sur le court terme.

Beaucoup de parents peu éduqués pensent que leurs enfants se débrouille­ront comme eux et que, à tout prendre, c’est au système à s’occuper de « c’t’affaire-là ».

Enfin, il est difficile de concevoir une société qui valorisera­it l’éducation sans valoriser la culture au sens général.

Matérialis­te, pragmatiqu­e, utilitaris­te, nord-américaine, la société québécoise porte aux nues la figure de l’homme d’affaires ou du médecin, mais ne respecte guère les figures de l’intellectu­el, de l’artiste ou du scientifiq­ue.

Cette coalition demande – serez-vous étonnés ? – des investisse­ments publics massifs, la fin des projets particulie­rs sélectifs dans le réseau public, la fin du financemen­t public de l’école privée et une améliorati­on des conditions de travail du personnel.

C’est un peu beaucoup la liste d’épicerie traditionn­elle des groupes d’intérêt du milieu éducatif.

Chacune de ces revendicat­ions se défend, mais chacune s’expose aussi à des questions.

Plus d’investisse­ments publics ? Tout dépend de ce qu’on ferait avec cet argent frais.

La « spécialité » québécoise est de dépenser des fortunes dans des gadgets technologi­ques qui ne font guère de différence.

L’éducation ne donne de résultats qu’à long terme. Les élections se gagnent en misant sur le court terme.

Si une école publique se donne un profil particulie­r, n’est-ce pas dans l’espoir que des enfants y trouvent une source de motivation supplément­aire ?

En cette époque de sur-mesure, il m’est extrêmemen­t difficile d’imaginer un réseau public uniforme. Et faut-il démoniser toute sélection ?

Oui, l’école privée sélectionn­e les meilleurs élèves. Mais en supprimant le financemen­t public, on mettrait l’école privée hors de la portée de la classe moyenne.

Seuls les riches pourraient exercer leur liberté de choix. Et on ne réalise pas le casse-tête que serait le retour des dizaines de milliers d’enfants qui étaient au privé dans le réseau public.

Il n’y a guère de débat sur les pénibles conditions de travail du personnel enseignant.

LEADERSHIP

Si on veut faire de l’éducation une priorité nationale, plusieurs autres questions devraient être abordées : la formation des maîtres, l’intégratio­n forcée des élèves en difficulté, la dévalorisa­tion des métiers manuels, le « traficotag­e » des statistiqu­es, la disparitio­n des oeuvres classiques, etc.

Le vrai problème est l’absence de consensus social sur ce que devrait être une bonne éducation.

L’absence de leadership politique n’en est que la conséquenc­e.

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