Éducation : avancer vers où et comment ?
Le Journal nous apprend qu’une coalition de parents et d’enseignants se mobilise pour que l’éducation soit l’enjeu numéro un de la prochaine campagne électorale.
On ne peut que saluer leur volonté d’améliorer les choses.
Pourquoi l’éducation n’est-elle pas un enjeu électoral particulièrement important ?
DÉBATS
Il y a quatre principales raisons.
Le Québec vieillit. Dans toutes les sociétés vieillissantes, la santé devient, logiquement, le souci dominant.
L’éducation ne donne de résultats qu’à long terme. Les élections se gagnent en misant sur le court terme.
Beaucoup de parents peu éduqués pensent que leurs enfants se débrouilleront comme eux et que, à tout prendre, c’est au système à s’occuper de « c’t’affaire-là ».
Enfin, il est difficile de concevoir une société qui valoriserait l’éducation sans valoriser la culture au sens général.
Matérialiste, pragmatique, utilitariste, nord-américaine, la société québécoise porte aux nues la figure de l’homme d’affaires ou du médecin, mais ne respecte guère les figures de l’intellectuel, de l’artiste ou du scientifique.
Cette coalition demande – serez-vous étonnés ? – des investissements publics massifs, la fin des projets particuliers sélectifs dans le réseau public, la fin du financement public de l’école privée et une amélioration des conditions de travail du personnel.
C’est un peu beaucoup la liste d’épicerie traditionnelle des groupes d’intérêt du milieu éducatif.
Chacune de ces revendications se défend, mais chacune s’expose aussi à des questions.
Plus d’investissements publics ? Tout dépend de ce qu’on ferait avec cet argent frais.
La « spécialité » québécoise est de dépenser des fortunes dans des gadgets technologiques qui ne font guère de différence.
L’éducation ne donne de résultats qu’à long terme. Les élections se gagnent en misant sur le court terme.
Si une école publique se donne un profil particulier, n’est-ce pas dans l’espoir que des enfants y trouvent une source de motivation supplémentaire ?
En cette époque de sur-mesure, il m’est extrêmement difficile d’imaginer un réseau public uniforme. Et faut-il démoniser toute sélection ?
Oui, l’école privée sélectionne les meilleurs élèves. Mais en supprimant le financement public, on mettrait l’école privée hors de la portée de la classe moyenne.
Seuls les riches pourraient exercer leur liberté de choix. Et on ne réalise pas le casse-tête que serait le retour des dizaines de milliers d’enfants qui étaient au privé dans le réseau public.
Il n’y a guère de débat sur les pénibles conditions de travail du personnel enseignant.
LEADERSHIP
Si on veut faire de l’éducation une priorité nationale, plusieurs autres questions devraient être abordées : la formation des maîtres, l’intégration forcée des élèves en difficulté, la dévalorisation des métiers manuels, le « traficotage » des statistiques, la disparition des oeuvres classiques, etc.
Le vrai problème est l’absence de consensus social sur ce que devrait être une bonne éducation.
L’absence de leadership politique n’en est que la conséquence.