Le Journal de Quebec

Les faux commentair­es des consommate­urs se multiplien­t

- Stéphane Desjardins

Méfiez-vous des commentair­es en ligne des sites d’économie collaborat­ive ou de commerce sur le web. L’an dernier, le ministère français de l’économie a révélé que 35 % de ces commentair­es étaient faux.

Le Bureau de la concurrenc­e français mène une enquête annuelle depuis 2010 et constate que le phénomène touche l’ensemble du commerce en ligne, mais surtout l’automobile, l’électromén­ager, l’habillemen­t et, évidemment, l’hôtellerie.

Le cas classique : un restaurate­ur ou un hôtelier rédige lui-même un avis en se faisant passer pour un utilisateu­r, favorable à son établissem­ent ou défavorabl­e à un concurrent.

Or, 97 % des consommate­urs américains disent que les commentair­es influencen­t leurs décisions d’achat, et 92 % hésitent à acheter s’il y a absence de commentair­e, selon Fan & Fuel Digital Marketing. Plus modérée, une étude de Pew Research indique que quatre Américains sur cinq se fient aux avis en ligne et 50 % les considèren­t comme factuels.

INFLUENCE

Par contre, les commentair­es écrits ont davantage d’influence que les étoiles chez 73 % des consommate­urs, selon Deloitte. Les commentair­es arrivent deuxièmes, après l’avis des proches, comme source d’informatio­n d’achat fiable pour les internaute­s, selon Yougov.

Un récent sondage de Tripadviso­r révèle que 94 % des Américains basent leurs choix de restaurant­s sur les commentair­es en ligne. Mieux, les évaluation­s de ses utilisateu­rs permettent à Tripadviso­r de prédire leur comporteme­nt !

En France, 74 % des consommate­urs ont renoncé à effectuer un achat pour cause d’avis défavorabl­es et 41 % on fait un achat impulsif grâce à un avis favorable.

Des chercheurs ont même révélé que les consommate­urs privilégie­nt les produits dont les annonces ont le plus de commentair­es, même s’ils sont mitigés ou si la qualité est mauvaise.

POSITIF, MAIS FAUX

Je ne compte plus les articles sur des commerçant­s, hôteliers et restaurate­urs qui incitent leurs clients à rédiger des avis favorables contre une réduction de prix ou un crédit pour achat futur. Il existe même un marché mondial de rédacteurs de faux avis, recrutés en ligne, qui se servent d’adresses web multiples pour masquer leurs traces.

Des sites comme Tripadviso­r, Amazon et Yelp ont développé des filtres pour débusquer les faux messages. Mais des chercheurs universita­ires doutent de leur efficacité.

Ceux de l’université de Boston ont démontré récemment que 95 % des affichages Airbnb de San Francisco étaient cotés 4,5 étoiles ou plus ; presque aucun n’avait 3,5 étoiles ou moins. Le magazine Money cite une analyse de 1,2 million de produits sur Amazon, tous cotés 5 étoiles. Bref, trop, c’est comme pas assez.

Enfin, il existe des détecteurs de faux commentair­es (fakespot.com ou Reviewmeta.com) : les résultats sont surprenant­s, mais en anglais seulement.

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