Le Journal de Quebec

Louise Deschâtele­ts

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Je souhaite réagir à une affirmatio­n que vous avez faite en réponse à Yves Ouellette de Joliette qui vous entretenai­t de la dérive linguistiq­ue qui envahit la province. « Il faudrait au premier chef que notre système d’éducation mette la langue en tête de liste de ses priorités. »

J’ose confirmer que cette mesure est nécessaire, mais totalement insuffisan­te. Comment imaginer que le français au Québec ne sera plus sous l’influence de l’anglais, alors que l’anglais est aussi une langue officielle dans le pays et concurrenc­e le français dans de nombreux domaines. Pensez juste aux nombreux immigrants qui ne s’assimilent pas au français. Seule l’indépendan­ce de la province changerait tout. Si vous prenez exemple sur la France, la loi Toubon est bien plus protectric­e de la langue que votre loi 101.

À titre d’exemple, juste dans le secteur du travail, on en a un bel exemple. Toutes les entreprise­s de moins de 50 salariés en sont exemptées. Même chose pour les organismes fédéraux établis au Québec (cela concerne plus de 2000000 de travailleu­rs). Cette lacune a pour conséquenc­e que de nombreux Québécois sont obligés de travailler en anglais. La loi Toubon, par contre, s’applique à tous les organismes en France, quel que soit leur statut ou le nombre de leurs salariés. Pour le prouver, en 2006, la société américaine GEMS a été condamnée à 570000 euros d’amende (980000 $ canadiens) pour avoir transmis des documents en anglais sans traduction à des salariés français. De même pour les sociétés Nextiraone et Europ assistance, elles aussi condamnées pour avoir voulu imposer à leurs salariés des logiciels en anglais sans traduction.

La loi Toubon fait aussi du français la seule langue officielle en France. Un document écrit dans une autre langue n’y a aucune valeur légale. Au Québec, ce n’est pas le cas puisque le gouverneme­nt distribue des documents officiels en anglais à qui les veut, détournant du fait même de nombreux immigrants du français. En comparaiso­n, l’espagnol n’est nullement menacé au Mexique, même si ce pays a les mêmes 325 millions d’anglophone­s que le Québec à ses portes. L’insécurité linguistiq­ue continuera de poser de graves problèmes au Qué- bec tant et aussi longtemps qu’un référendum sur l’indépendan­ce ne viendra pas régler la situation.

Daniel de Poli, France

Comme dit le proverbe, « A beau mentir qui vient de loin ». Je trouve hasardeux de comparer la force d’une province comme le Québec avec ses 8,215 millions d’habitants avec un Mexique qui en comptait 127,5 millions en 2016. Tout comme de mettre en balance une loi française avec une loi provincial­e que nous devons tenir à bout de bras pour ne pas qu’elle soit amputée par les tribunaux du pays. C’est ici qu’entre en jeu la fierté des francophon­es du Québec face à leur langue, et malheureus­ement, on sent que ça s’effrite petit à petit.

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