Les 25 PDG les mieux payés au Québec
La rémunération des hauts dirigeants n’a cessé d’enfler au cours des dix dernières années
Il y a dix ans, on a vu apparaître au Canada les votes consultatifs permettant aux actionnaires de se prononcer sur la rémunération des hauts dirigeants des entreprises cotées en Bourse.
Depuis, les sommes versées aux PDG des 100 plus grandes entreprises canadiennes ont bondi de 49 % pour atteindre 7,6 M$ par année en moyenne, révèle une compilation effectuée par la firme Global Governance Advisors pour le Globe and Mail.
C’est plus de trois fois l’inflation et plus du double de la croissance moyenne des salaires des travailleurs.
Michel Magnan, professeur à l’université Concordia, constate que l’arrivée des votes consultatifs n’a pas eu l’effet escompté. Il faut dire que les entreprises ne sont pas tenues d’en respecter le résultat et que de toute façon, les actionnaires hésitent souvent à s’opposer aux décisions de rémunération des conseils d’administration.
55 M$ POUR UNE ANNÉE DE TRAVAIL
La semaine dernière, les actionnaires de La Baie d’hudson ont ainsi voté à plus de 70 % en faveur de la rémunération de 55 M$ consentie en 2017 au président exécutif Richard Baker.
Il reste que de façon générale, les votes consultatifs, « ça semble tempérer les excès de rémunération dans les entreprises qui ont de mauvaises performances », affirme M. Magnan.
Le directeur du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), Willie Gagnon, déplore que des entreprises québécoises comme Power Corporation et Alimentation Couche-tard refusent toujours de consulter leurs actionnaires sur la rémunération de leurs hauts dirigeants.
De son côté, Yvan Allaire, président exécutif de l’institut sur la gouvernance, croit que l’explosion des émoluments des patrons s’explique en bonne partie par les consultants en rémunération embauchés par les conseils d’administration des entreprises et par les firmes de conseil en vote sur lesquelles comptent les investisseurs institutionnels.
« Le résultat, c’est une convergence incroyable des programmes de rémunération des hauts dirigeants », note-t-il.
En 2016, la rémunération moyenne des grands patrons représentait 140 fois celle des travailleurs. C’était 61 fois en 1998.