Tony Accurso coupable
L’homme d’affaires risque maintenant de se retrouver derrière les barreaux pour corruption
Déclaré coupable hier d’avoir participé au système de corruption dirigé par l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt, l’homme d’affaires Tony Accurso risque maintenant de se retrouver derrière les barreaux.
Après sept jours de délibération, les jurés en sont venus à ce verdict unanime de culpabilité pour chacun des cinq chefs d’accusation auxquels faisait face le célèbre entrepreneur, soit corruption dans les affaires municipales, abus de confiance par un fonctionnaire public, fraude de plus de 5000 $ et deux chefs de complot.
Le jury n’a vraisemblablement pas cru la version d’accurso, qui niait être au courant de l’existence du partage des contrats publics en retour de ristournes de 2 % pendant près de 15 ans.
Une dizaine de témoins ont raconté que deux entreprises de l’homme d’affaires, soit Louisbourg et Simard Beaudry, avaient été parties prenantes de ce stratagème.
Selon un des témoignages entendus au procès, Accurso aurait entre autres remis 200 000 $ comptant en mains propres à un collecteur de fonds pour le parti du maire Vaillancourt, car ses entreprises accusaient un « retard » dans le paiement de la ristourne de 2 %.
EMPRISONNEMENT FERME
Les observations sur la peine commenceront ce jeudi au palais de justice de Laval et il est « nettement possible » que la Couronne demande un emprisonnement ferme, selon la juge à la retraite Nicole Gibeault.
« Les deux partis vont faire entendre leurs arguments. Je m’attends à ce qu’on plaide comme facteur aggravant le fait que c’était une fraude de fonds publics, que c’était pris dans les poches des gens de Laval. Tout va dépendre de ce que le tribunal va retenir comme arguments les plus forts », dit Mme Gibeault.
Selon elle, la détermination de la peine va « presque devenir un deuxième procès », tant ça pourrait devenir complexe et « houleux ».
« La jurisprudence et l’individualisation de la peine devront être respectées. Aussi, il va falloir regarder les sentences des autres gens arrêtés dans le projet Honorer [de L’UPAC]. On va placer les gens dans la pyramide pour voir leur rôle », soutient l’ex-juge.
TRÈS SATISFAIT
Le procureur de la Couronne, Me Richard Rougeau, s’est dit « très satisfait » du verdict. Il n’a pas voulu préciser s’il réclamerait une peine d’incarcération contre l’entrepreneur.
Accurso n’a pas eu de réaction particulière lorsque le verdict a été rendu, selon les personnes présentes dans la salle. Il n’a pas souhaité commenter la décision du jury et a quitté le palais de justice sans s’adresser aux médias.
En point de presse, son avocat Marc Labelle n’a pas exclu de faire appel du verdict, le qualifiant de « décevant ».
« L’enquête de L’UPAC [Unité permanente anticorruption] sur le premier jury pourrait être prise en compte, mais c’est M. Accurso qui va décider de la suite des choses », a-t-il indiqué.
Ce verdict de culpabilité représente une victoire pour L’UPAC, responsable de l’enquête qui a mené au procès.