Le Journal de Quebec

Loranger au repos

Épuisé, le maire de L’ancienne-lorette pointe du doigt la saga juridique contre la Ville de Québec

- JEAN-LUC LAVALLÉE

Émile Loranger n’exerce plus ses fonctions depuis près de deux mois, a appris Le Journal. Épuisé de mener un combat sans relâche contre l’agglomérat­ion de Québec depuis 12 ans, le maire de L’ancienne-lorette dit avoir besoin de se « ressourcer ».

Le maire Loranger ne se présente plus à l’hôtel de ville depuis un bon moment.

Il a raté pour une rare fois la dernière séance du conseil municipal, en mai, et s’est désisté de quelques événements auxquels il a l’habitude de participer, ce qui suscite bien des interrogat­ions au sein de la population.

Ce sont des citoyens de L’ancienne-lorette qui ont d’ailleurs alerté Le Journal dans les derniers jours, inquiets de cette absence prolongée inexpliqué­e par l’administra­tion en place.

« Les personnes qui pourraient nous en dire plus refusent à tort ou à raison de divulguer quoi que ce soit », nous a signalé un lecteur, précisant que la mairesse suppléante Sylvie Falardeau a pris la relève dans les dernières semaines.

« JE NE SUIS PAS MALADE »

Joint par Le Journal, le principal intéressé assure qu’il n’y a pas anguille sous roche et qu’il a lui-même décidé de se retirer « temporaire­ment », se disant tout simplement épuisé.

« Il y a des gens qui s’inquiètent pour rien. Je ne suis pas malade, je suis en pleine forme sauf que j’ai eu une bonne année. Mettons que j’ai voulu prendre un break, un peu. À un moment donné, il faut que tu te replaces les idées », a-t-il confié.

« Dimanche, à la soirée des bénévoles [de la municipali­té], je n’y suis pas allé pour la première fois en 30 et quelques années et il y avait 1000 personnes. Ça a dû en surprendre quelques-uns », a-t-il reconnu, banalisant toutefois la situation. « Je ne suis pas vraiment absent de la ville (…), je suis à la maison en ressourcem­ent. Par contre, je suis à côté de l’hôtel de ville et s’il arrivait quelque chose, je serais là dans la minute qui suit. »

L’ADRÉNALINE EST TOMBÉE

Le procès de plusieurs semaines contre l’agglomérat­ion de Québec en février – point culminant d’une saga qui a commencé en 2006 après les défusions – a vidé sa réserve d’énergie, explique-t-il.

« Ça fait 12 ans que je travaille sur ce dossier, puis là j’ai eu un drôle de feeling à la fin. On a tout livré, puis il y a un monsieur [le juge] qui va tout décider pour les 12 années qu’on a travaillé. Ça fait un drôle d’effet. On a un bon juge, j’ai confiance, mais ça fait bizarre. Moi, c’était mon adrénaline, cette affaire-là, et là, il y en a moins. C’est juste ça, il ne faut pas chercher plus loin », a-t-il ajouté en entrevue, prévoyant reprendre son poste « d’ici quelques semaines ».

Rappelons que le maire Loranger, qui a été élu neuf fois à la tête de L’ancienne-lorette depuis 1983, a prévenu la population qu’il démissionn­erait dans l’éventualit­é d’une défaite juridique.

La Ville de L’ancienne-lorette reproche à la Ville de Québec d’avoir gonflé sa quotepart pendant des années et lui réclame plus de 15 M$ (en capital uniquement), plus les intérêts, des indemnités additionne­lles et des honoraires de plus de 5 M$ injectés dans la préparatio­n du procès.

UNE PREMIÈRE VICTOIRE

À l’ouverture du procès, la Ville de Québec avait toutefois reconnu d’entrée de jeu qu’elle rembourser­ait au moins 8 M$ à L’ANcienne-lorette et à Saint-augustin, une première victoire pour le maire Loranger, qui attend toutefois avec impatience le dénouement pour la totalité de sa réclamatio­n.

Le juge Bernard Godbout a pris l’affaire en délibéré et pourrait rendre son verdict à tout moment.

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PHOTO D’ARCHIVES STEVENS LEBLANC

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