Le Journal de Quebec

Les chiens avant les humains

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Voici des extraits d’un courriel que j’ai reçu :

« Le 31 juillet 94, je me promenais à Rawdon quand j’ai entendu un bruit venant de l’arrière gauche. J’ai tourné la tête et le chien m’a sauté à la gorge. Je suis tombée par terre et le chien me secouait le corps en serrant de plus en plus fort les dents sur ma gorge. »

C’était un pitbull.

GIBIER

La dame poursuit : « J’ai eu 45 points de suture, la gorge fendue d’une oreille jusqu’à l’autre, un muscle déchiré et une légère perforatio­n de la carotide. Il en a fallu de peu que je meure cette journée-là. »

« Le chien n’avait aucun antécédent de morsures et il était considéré par le voisinage comme un chien doux qui jouait avec les enfants du quartier […]. »

« Le chien n’a jamais jappé ni grogné. Il n’a pas essayé de mordre un bras ou une jambe. Il est arrivé en silence et il a visé la gorge. Il était en chasse et j’étais son gibier. »

« Posséder un pitbull et dire que ce n’est qu’un chien comme les autres et qu’il n’y a aucun risque pour la sécurité des gens, c’est comme posséder un cougar et le laisser en liberté en affirmant que ce n’est qu’un chat comme les autres. »

Le maire n’a rien fait. Un quart de siècle plus tard, conclut la dame, rien ou presque n’a changé.

Comme de raison, vendredi dernier, c’est un enfant de deux ans qui a été attaqué par un pitbull à Gatineau. Le bambin était… dans sa poussette.

Des lecteurs me font réaliser que nous ne voyons que la pointe de l’iceberg.

Un homme a dépensé 400 $ pour renforcer sa clôture afin de se protéger du molosse de sa voisine… qui est tout le temps « gelée ».

En voilà une qui sera sans doute très réceptive aux cassettes insignifia­ntes de nos élus sur la « responsabi­lisation » des maîtres.

Plusieurs allégation­s circulent qui mériteraie­nt un approfondi­ssement des enquêtes journalist­iques déjà faites : élevages clandestin­s, importatio­ns de chiens défectueux, vétérinair­es en conflits d’intérêts, études « scientifiq­ues » bidon, etc.

J’aimerais aussi qu’un psychologu­e m’explique les motivation­s profondes des gens qui « tripent » sur le fait de posséder un animal dont ils savent parfaiteme­nt qu’il terrorise le voisinage.

Que des chiens passent avant des humains est un symptôme d’un profond dérèglemen­t social.

LÂCHETÉ

C’est très simple : la liberté individuel­le de choisir tel ou tel type de chien devrait s’arrêter là où commence MA liberté de pouvoir me promener en sécurité dans mon propre quartier.

Nous sommes ici devant un exemple patent des excès de l’individual­isme moderne.

Que des chiens passent avant des humains est un symptôme d’un profond dérèglemen­t social.

Mais c’est trop demander aux pleutres qui nous gouvernent de le reconnaîtr­e et d’agir en conséquenc­e.

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JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

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