Le Journal de Quebec

Un homme ne pourra plus râper les dents des chevaux

On lui reprochait des actes réservés aux vétérinair­es

- DOMINIQUE SCALI

Un homme qui râpait les dents des chevaux depuis plus de 25 ans ne pourra plus pratiquer son métier après avoir perdu son combat contre l’ordre des médecins vétérinair­es devant les tribunaux.

Yves Jean a été reconnu coupable d’avoir donné illégaleme­nt des soins dentaires à des chevaux, un acte que seuls les vétérinair­es peuvent faire, conclut un jugement de la Cour du Québec rendu cet automne, puis diffusé ce printemps.

Le Journal publiait en août 2016 le portrait de ce résident de Laval qui a passé sa vie à entretenir les dents de chevaux domestique­s, qui doivent être limées, car elles ne s’usent pas comme celles des chevaux sauvages.

Une juge de la Cour du Québec avait donné raison à M. Jean, en juin 2016.

Elle avait conclu que la dentisteri­e n’étant pas explicitem­ent mentionnée dans les actes réservés aux vétérinair­es, le vide dans la loi lui permettait de continuer à pratiquer.

« ÉTONNANT »

« C’était vraiment étonnant [comme jugement] », dit la présidente de l’ordre des médecins vétérinair­es du Québec (OMVQ), la Dre Caroline Kilsdonk.

La liste des actes réservés n’est jamais exhaustive, explique la Dre Kilsdonk. Il va donc de soi que la dentisteri­e fait partie des gestes qui visent la santé des animaux, selon la Loi des médecins vétérinair­es.

L’ordre a donc fait appel et a gagné cette dernière manche. En février dernier, M. Jean a écopé d’une amende de 36 750 $.

CLIENTS SATISFAITS

Rien dans les deux jugements ne laisse toutefois croire que M. Jean ait nui à la santé des chevaux qu’il a traités. Des clients rencontrés par Lejournal avaient même dit avoir vu une améliorati­on de l’état des bêtes grâce à ses soins.

« C’est possible qu’il y ait eu des clients satisfaits, avoue la Dre Kilsdonk. Mais on ne peut pas se baser sur des cas individuel­s. [...]. » La dentisteri­e animale est d’ailleurs un domaine souvent sujet à la pratique illégale, surtout auprès de petits animaux domestique­s. Par exemple, des toiletteur­s offrent parfois à leurs clients de détartrer ou extraire les dents de leur chat ou de leur chien, alors que seul un vétérinair­e a le droit de le faire, explique-t-elle.

Souvent, il s’agit de gens bien intentionn­és. Ils ignorent qu’ils n’ont pas le droit de prodiguer ces soins et cessent dès que l’ordre les appelle, ajoute la présidente. Ce sont ceux qui pratiquent en toute connaissan­ce de cause que l’ordre doit traîner devant les tribunaux. Depuis octobre, au moins deux autres personnes ont été sanctionné­es pour cette raison.

« On a l’impression que nettoyer les dents, c’est quelque chose d’externe, mais l’animal peut souffrir de maux plus profonds et plus graves que ce qui est visible », dit la Dre Kilsdonk.

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PHOTO D’ARCHIVES, DOMINIQUE SCALI Le Journal avait rencontré Yves Jean en 2016 alors qu’une juge venait de lui donner raison. Il pouvait râper les dents des chevaux même s’il n’est pas vétérinair­e.
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Vétérinair­e

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