Le Journal de Quebec

Le ressort invisible

- JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique

Ma chronique de mardi dernier sur le déclin du Parti québécois a beaucoup fait réagir. J’avançais que la rupture suicidaire avec sa raison d’être depuis 20 ans, sans en être le seul facteur, en est néanmoins la cause principale. Pour les uns, j’étais coupable de tirer sur l’ambulance. Pour d’autres, le constat que j’en fais est factuel. Factuel, il l’est en effet.

À deux mois d’une campagne électorale s’annonçant dure et hargneuse, mettons tout de suite quelque chose au clair : poser un diagnostic lucide sur un phénomène politique ne doit pas être confondu avec le domaine des émotions.

Tenter d’en comprendre les causes ne revient pas à s’en réjouir ni, à l’autre extrême, à s’en désespérer. La chronique politique est une chose, le militantis­me en est une autre. À chacun son métier.

Cela dit, les partis en danger ont deux possibilit­és. Ou ils s’écrasent ou ils se battent dans l’espoir de s’en sortir. Chez ces battants, qu’ils tombent en bout de piste ou qu’ils ressuscite­nt miraculeus­ement, ils ont tous un ressort invisible.

Malgré ses errements troublants quant à son option, ce ressort, le Parti québécois, même affaibli, le possède encore. Forcé de vivre avec son propre choix de repousser encore une fois la promotion de la souveraine­té s’il prenait le pouvoir, il lutte quand même sur les autres fronts.

HUMANISTE

Sa plateforme vise à briser le cercle vicieux de l’austérité. Sa vision est clairement humaniste. Son équipe de députés est forte. Entre autres, l’expérience, l’intelligen­ce et la déterminat­ion des Pascal Bérubé et Véronique Hivon, cette dernière promue vicechef, feraient l’envie de n’importe quel parti politique.

Contre toute attente, le retour des Jean-martin Aussant, Lisette Lapointe et Camil Bouchard signale qu’ils sont prêts à braver la tempête. Il faut dire qu’en plus, les péquistes ont eu à subir les contrecoup­s du cataclysme bloquiste.

Et pourtant, l’aiguille des intentions de vote reste bloquée à 20 %, un sous- sol historique pour le PQ. À défaut d’un revirement spectacula­ire pendant la campagne, ce parti est en réel danger de se retrouver avec un caucus décimé.

ERREUR

Le choix de ne pas promettre de référendum dans un hypothétiq­ue premier mandat n’est pas une erreur en soi. La véritable erreur est de s’être privé de l’engagement ferme de promouvoir son option en tant que gouverneme­nt s’il prenait le pouvoir. Ce faisant, le PQ s’est délesté, encore une fois, de son ADN et d’une part importante de son électorat.

Le constat fait, le PQ montre tout de même une forte dose de résilience. Quoi qu’il arrive au scrutin du 1er octobre, la survie ou une éventuelle reconfigur­ation d’un parti majeur prêt à porter clairement l’option souveraini­ste est essentiell­e à la qualité de la démocratie québécoise

Elle est essentiell­e parce qu’il existe encore de 35 à 40 % d’électeurs souveraini­stes, alors que l’option fédéralist­e peut compter sur deux partis majeurs. C’est une question d’équilibre politique et de préservati­on de l’avenir, quel qu’il soit.

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