Ultime revers judiciaire pour un protagoniste de Making amurderer
Décision controversée alors que des millions d’américains le croient innocent
WASHINGTON | (AFP) La Cour suprême des États-unis a rejeté hier l’appel d’un protagoniste de Making a Murderer, série documentaire à succès qui a illustré les failles du système pénal américain.
La haute cour a refusé d’examiner le dossier sans motiver sa décision, confirmant de facto la réclusion à perpétuité pour meurtre de Brendan Dassey, dont des millions d’américains sont convaincus de l’innocence.
La Cour suprême « est passée à côté d’une immense occasion d’améliorer la justice, notamment pour les mineurs », a réagi Jerome Buting, un avocat impliqué dans l’affaire. M. Dassey avait 16 ans au moment des faits (28 ans aujourd’hui).
Depuis 2015, des millions de téléspectateurs dans le monde se sont passionnés pour Making a Murderer, une saga judi- ciaire diffusée par Netflix sur les avanies d’une famille d’un milieu social déshérité de l’état du Wisconsin.
HANDICAP MENTAL
Les avis sont partagés sur la culpabilité du personnage central de cette histoire vraie, Steven Avery. Il a été condamné en 2007 à la prison à vie pour l’homicide d’une photographe de 25 ans, Teresa Halbach.
Mais les spectateurs ont été encore davantage ébranlés par le destin du neveu de M. Avery, Brendan Dassey, condamné à la même peine pour ce même meurtre.
Son dossier d’accusation repose uniquement sur un interrogatoire policier extrêmement controversé, l’ado jouissant d’un quotient intellectuel très limité.
Lors de cet interrogatoire filmé sans la présence d’un avocat, les enquêteurs utilisent des moyens discutables pour mener le jeune Brendan à livrer des élé- ments l’incriminant.
Pour ses défenseurs, l’adolescent, dépassé par les concepts soumis à son jugement limité et influencé par le pouvoir de suggestion des policiers, est poussé à une confession sur des faits imaginaires.
« Les interrogateurs ont profité de la jeunesse et du handicap mental de Dassey pour le convaincre qu’ils étaient de son côté. Ils n’ont pas tenu compte de son incapacité manifeste à répondre correctement à leurs nombreuses questions sur le crime, ils lui ont mis dans la bouche les mots qu’ils souhaitaient entendre et ils lui ont promis qu’il serait libéré s’il le faisait », avait dénoncé Seth Waxman, l’avocat du détenu, dans sa pétition en justice.
Il est rare que la Cour suprême américaine accepte de se saisir d’une demande de rectification isolée d’une erreur judiciaire présumée.