L’ARGENTINE DE JUSTESSE
Après sa victoire contre le Nigeria, la bande de Messi a maintenant rendez-vous avec la France en huitième
SAINT-PÉTERSBOURG | (AFP) Il y a Lionel Messi et les autres. L’argentine, peu inspirée à part son héros, s’est tout de même qualifiée pour les huitièmes de finale du Mondial-2018, grâce à sa victoire sur le fil contre le Nigeria au compte de 2 à 1, hier en Russie.
Elle y affrontera un adversaire d’un tout autre calibre que les Super Eagles : la France.
Dans ce festival d’ouvertures manquées, de passes ratées et d’approximations en tous genres, il aura suffi d’une passe plus précise que les autres, la classe d’un quintuple Ballon d’or et la reprise réussie d’un défenseur pour sauver l’argentine.
Deux buts, deux îlots de justesse technique dans un océan de n’importe quoi, ou presque.
D’abord, Éver Banega réussit une longue ouverture par-dessus la défense nigériane, Messi contrôle, Messi accélère, Messi croise sa frappe pour battre le gardien Francis Uzoho à la 14e minute de jeu.
La Pulga se jette au sol, les bras en l’air, exultant après tant de frustrations, de crispations et de déchets.
Pas forcément impliqué sur toutes les actions, parfois en retrait, ou en marchant, Messi a tout de même sauvé l’argentine.
Il aurait même pu la délivrer après la 34e minute. Mais le coup franc du joueur du FC Barcelone, une judicieuse frappe enroulée fuyante, est venu s’écraser sur le poteau.
C’est finalement le défenseur central Rojo qui le fera, trompant Uzoho à la 86e minute pour faire 2 à 1, réussissant enfin le geste technique que ses attaquants s’étaient acharnés à manquer.
SOUFFRIR
Et dire que ce fut le meilleur match de l’argentine lors la Coupe du monde. Pire, de l’ère Jorge Sampaoli, un entraîneur contesté.
Après le match nul contre l’islande, l’humiliation contre la Croatie, l’albiceleste a encore bafouillé.
« Nous savions que ce serait difficile. On a réussi à passer, mais on ne pensait pas qu’on souffrirait autant, a reconnu Messi. Les minutes passaient, on a commencé à presser et à attaquer, et finalement on a réussi à se qualifier. »
La qualification sera-t-elle suffisante pour éloigner un peu l’ambiance de fin de règne qui s’est installée chez les Argentins ?
Si Messi fait le travail, comme il avait déjà qualifié son pays à lui tout seul au bout d’un horrible parcours en réussissant un triplé contre l’équateur lors de la dernière journée des éliminatoires sud-américaines, les autres Argentins n’ont pas été à la hauteur.
« Messi montre qu’il est fantastique à chaque fois, mais il a besoin du soutien de ses coéquipiers », a dit Sampaoli.
Le défenseur Javier Mascherano a offert un tir de pénalité que Victor Moses n’a pas raté pour égaler. Gonzalo Higuaín a été transparent et Ángel Di Maria, médiocre.
Premiers, mais ennuyants
Rarement un match nul l’aura autant été. L’équipe de France a rempli son objectif de terminer à la première place du groupe C, hier à Moscou, au prix d’un 0 à 0 totalement insipide contre le complice Danemark, également qualifié pour les huitièmes.
« On a obtenu ce qu’on voulait. Maintenant, la montagne va se présenter, mais on est là, avec beaucoup d’humilité et d’ambition pour déjà passer la prochaine étape », a dit le sélecteur Didier Deschamps.
Les Nordiques ont été incisifs 20 minutes, puis les Français ont maîtrisé et géré. Une frappe lobée d’olivier Giroud, peut-être pas cadrée, sortie par le gardien Kasper Schmeichel (15e), une poignée de tirs sans danger, sur le portier ou non cadrées, non, rien à se mettre sous la dent.
« Le point du nul leur allait bien [aux Danois]. On n’allait pas non plus prendre de risques inconsidérés à partir du moment où eux voulaient ce résultat-là », a dit Deschamps.
Le Danemark affrontera la Croatie en huitième de finale ( voir autre texte en page 83).
C’était la première fois depuis 1986 (Joël Bats et Albert Rust) que deux gardiens français étaient utilisés dans un même Mondial.