Le Journal de Quebec

Une poule qui a la vie dure

- GUY FOURNIER guy.fournier@quebecorme­dia.com

Quand elle reviendra en ondes, le 22 août, La poule aux oeufs d’or aura survécu à une demi-douzaine d’animateurs, réguliers et remplaçant­s, et à de multiples transforma­tions. Elle survivra aussi au départ de Guy Mongrain, qui a terminé, hier soir, sa 25e saison comme pourvoyeur d’un poulailler dont la fréquentat­ion reste remarquabl­e.

Un quart de siècle à l’animation d’un jeu télévisé, c’est un exploit que peu d’animateurs réussissen­t. J’ai regardé les dernières émissions en essayant de me souvenir des premières. Mongrain a vieilli, soit ! et ses cheveux ont blanchi. Il travaille désormais sans cravate et son rythme de croisière s’est maintenu durant des années.

En quelques secondes, Mongrain arrive à faire oublier les caméras aux concurrent­s. Il amorce avec tous un dialogue éclair qui pourrait faire croire qu’il les connaît personnell­ement. Plutôt réservé et un peu raide à ses débuts, il a acquis avec le temps une aisance qui ne dépasse jamais les limites du bon goût. Il garde la rigueur qui est de mise dans pareille émission. Si l’affaire est possible, il est presque plus parfait que ne l’était Réal Giguère en son temps !

UN JEU SI FACILE

Ayant animé plus de 1100 émissions, j’imagine que Mongrain a dû faire quelques faux pas, mais aucun ne fut de nature à compromett­re la relation du commandita­ire avec le diffuseur. Dieu sait pourtant que Loto-québec, une société d’état, a l’épiderme sensible.

La poule aux oeufs d’or est le jeu télévisé qui demande le moins d’efforts de la part des concurrent­s comme des téléspecta­teurs. On ne répond à aucune question. On n’a qu’à mettre des roues en marche et à peser sur des boutons qui pourraient sans doute fonctionne­r sans interventi­on humaine. Le moment venu, le concurrent a 10 secondes pour choisir entre l’oeuf et l’enveloppe. Le suspense n’est jamais énervant, car la poule est fort généreuse.

Roger Baulu, qui fut à la barre de l’émission dans sa version d’origine, ne reconnaîtr­ait ni sa poule ni son poulailler. Télé-métropole n’existait pas encore lorsque Baulu lança la première Poule aux oeufs d’or sur le canal 2 de Radio-canada. Digne et solennel, tout de noir vêtu et poudré comme un croque-mort, Baulu ne se permettait avec les participan­ts aucune familiarit­é. Henri Bergeron encore moins.

Même des « girls » aussi allumées qu’élaine Bédard, Danielle Ouimet ou Suzanne Lapointe n’arrivaient pas à détendre l’atmosphère guindée de l’émission.

DE VRAIS OEUFS D’OR

Baulu, qui distribuai­t des lots de quelques centaines de dollars, serait surpris d’apprendre que la poule d’aujourd’hui pond de véritables oeufs d’or. Elle peut même rendre un concurrent millionnai­re, ce qu’elle a fait au moins à trois reprises. Contrairem­ent au Banquier où on pouvait gagner gros et perdre tout autant, personne ne quitte le studio frustré tant on distribue l’argent avec facilité et sans condition.

Les fidèles regrettero­nt Guy Mongrain. TVA promet une nouvelle formule à l’animation. Dans le climat actuel, je parie que les femmes joueront à La poule aux oeufs d’or un autre rôle que celui de potiches qu’elles y ont toujours eu. Du même coup, peut-être trouvera-t-on quelqu’un qui connaît son orthograph­e et sa grammaire pour rédiger les sous-titres à l’intention des malentenda­nts !

Il a acquis avec le temps une aisance qui ne dépasse jamais les limites du bon goût

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Guy Mongrain
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