L’engrenage de la guerre commerciale
Le 1er juillet, le Canada a répliqué coup sur coup aux tarifs de l’administration Trump sur les importations d’acier et d’aluminium en imposant ses propres tarifs. C’est un engrenage dont il sera difficile de s’arracher et les enjeux vont bien au-delà de la survie de L’ALENA.
Pendant la campagne de 2016 et les premiers mois de sa présidence, plusieurs Canadiens croyaient leur pays à l’abri du protectionnisme débridé de Donald Trump. La Chine et le Mexique avaient de quoi s’inquiéter, mais pas le Canada.
On se trompait. Le protectionnisme tous azimuts de Donald Trump menace le Canada, peut-être encore plus que les autres pays.
LE MULTILATÉRALISME EN QUESTION
Si l’on se fie à ses paroles et à ses actions, Donald Trump rejette le principe même d’un ordre économique international fondé sur des règles multilatérales.
Dans le domaine du commerce, un pays de la taille des États-unis possède un avantage marqué, puisqu’il peut marchander l’accès à son marché afin de soutirer des concessions de chaque partenaire.
Si les États-unis ont pu exercer un leadership déterminant dans la création et le maintien d’un ordre économique libéral qui a assuré une croissance globale soutenue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est surtout parce qu’ils ont résisté au bilatéralisme.
Les États-unis ont beaucoup bénéficié du multilatéralisme commercial, mais comme plusieurs autres pays ont fait des gains plus importants, les nationalistes américains sont depuis longtemps convaincus que leur pays est le dindon de la farce du commerce mondial.
UNE VISION MERCANTILISTE
Donald Trump est le premier président américain de l’ère moderne qui rejette le multilatéralisme et se réclame ouvertement d’une approche mercantiliste du commerce où les gains des uns sont les pertes des autres. Il est convaincu que les États-unis doivent utiliser leur puissance pour forcer les autres à se plier à leurs demandes.
Cette dynamique pousse les dirigeants de part et d’autre dans un engrenage dont il est difficile de s’extirper. Les mesures protectionnistes américaines ont été suivies de répliques de tous ses partenaires commerciaux, dont le Canada, et c’est loin d’être fini.
LOURDS DÉFIS POUR LE CANADA
Aux États-unis, l’impact de cette guerre commerciale se fait déjà sentir dans les secteurs aux prises avec les prix plus élevés des métaux ou avec les nouveaux tarifs étrangers, mais son impact électoral en novembre reste incertain. Pour le Canada, qui a le plus à perdre de ce regain du protectionnisme américain, l’enfoncement dans la guerre commerciale est désastreux à plusieurs égards.
Avant Trump, les Américains négociaient ferme, mais il était entendu qu’on souhaitait le maintien de L’ALENA. Avec Trump, on a envisagé sérieusement la fin de L’ALENA, mais on avait le filet de sécurité des accords multilatéraux.
Aujourd’hui, c’est le régime commercial multilatéral qui est menacé par Donald Trump. Le Canada ne peut pas vraiment se sortir de cet engrenage. Le défi n’est plus seulement le maintien de L’ALENA, qui est de moins en moins assuré, mais aussi le maintien du filet de sécurité que représentent les institutions commerciales multilatérales.