Le Journal de Quebec

Inégaux devant le lock-out

Les employés de sous-traitants de l’aluminerie n’auront bientôt plus de chômage

- AMÉLIE ST-YVES

BÉCANCOUR | Pendant que les syndiqués en lock-out de l’aluminerie de Bécancour touchent environ 66 % de leur salaire, les employés des sous-traitants mis à pied en raison du conflit n’auront bientôt plus de chômage.

Les syndiqués de l’aluminerie de Bécancour bénéficien­t encore des fonds nécessaire­s pour ne pas céder aux demandes de l’employeur par stress financier, selon le président du syndicat local, Clément Masse.

« Nos fonds de secours de grève suffisent présenteme­nt. Et on a beaucoup d’aide au niveau des syndicats à la grandeur du Québec. À toutes les semaines, on a des gens qui viennent nous faire des dons. Au niveau financier, ce n’est pas un problème », a-t-il dit hier.

Ces fonds de secours permettent aux syndiqués de toucher environ les deux tiers de leur paie. Ils ont par ailleurs voté en faveur des actions du comité de négociatio­n dans une proportion de 90 %, en assemblée générale mardi, où 80 % d’entre eux étaient présents.

« Je pense que le message que les travailleu­rs nous ont lancé hier n’en est pas un de travailleu­rs épuisés financière­ment », a poursuivi Clément Masse.

Le travailleu­r Jeannot Mailhot est à un an de sa retraite qui pourrait être décalée à cause du conflit de travail. Il fait 10 heures de piquetage aux six jours, et passe du temps au golf.

« On n’est pas en situation de péril financier. Je pense que c’est pire pour les plus jeunes, qui ont une plus grosse partie de la maison à payer, en plus des dépenses liées aux enfants », dit-il.

DES DIZAINES DE MISES À PIED

Par ailleurs, des dizaines de travailleu­rs mis à pied par des sous-traitants de l’aluminerie lors du déclenchem­ent du lock-out toucheront leurs dernières semaines de chômage d’ici l’automne.

Le directeur général du Groupe MBI, Luc Blanchette, qui s’occupe entre autres de compagnies responsabl­es de l’entretien à l’aluminerie, déplore que 70 de ses 200 travailleu­rs de la région aient dû être mis à pied depuis le lock-out.

Certains n’étaient qu’à quelques années de prendre leur retraite.

« Là-dedans, il y en a qui travaillen­t pour nous depuis plus de 25 ans. Le plus difficile, c’est les gars de 50 à 65 ans. Je ne peux pas les envoyer pelleter du gravier ailleurs. Ils auront peut-être de la misère à se replacer », explique-t-il.

Environ 25 d’entre eux arrivent à faire du temps partiel pour le groupe, dont la santé financière n’est pas en péril pour l’instant.

Les travailleu­rs de l’aluminerie sont conscients d’être privilégié­s par rapport aux sous-traitants.

« Ça nous brise le coeur. Sauf que ce qu’on veut, c’est préserver ces emplois-là de qualité, et un jour, ce seront d’autres personnes qui vont les avoir », explique la syndiquée Claudia Tremblay.

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PHOTO AMÉLIE ST-YVES Le DG du groupe MBI, Luc Blanchette, dans son usine de Bécancour. Son entreprise est un des sous-traitants de l’aluminerie voisine.

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