Airbus met de la pression sur les travailleurs de Mirabel
Le nouveau proprio de la C Series veut que les avions sortent plus vite de l’usine
Travailler plus efficacement pour produire plus rapidement les avions C Series. C’est le message que les dirigeants d’airbus ont martelé hier lors d’une rencontre avec les quelque 2000 salariés de l’usine de Mirabel, qui appartenait à Bombardier jusqu’à samedi.
Le nouveau patron de la gamme d’avions de 100 à 150 places, le Français Philippe Balducchi, n’a pas mâché ses mots : il faut « augmenter la cadence » et amener les appareils à la fin de la ligne de production « beaucoup plus rapidement ». Le tout en assurant une qualité « irréprochable ».
Les avions C Series ont beau être « les meilleurs » de leur catégorie, la concurrence sera sans pitié avec l’alliance entre Embraer (Brésil) et Boeing (É.-U.), qui est sur le point de se concrétiser, a tenu à préciser M. Balducchi.
« Nous devons abaisser les coûts de façon significative et nous avons bon espoir de pouvoir le faire », a insisté le PDG d’airbus, l’allemand Tom Enders.
PAS DE GRAND ENTHOUSIASME
Les travailleurs ont accueilli le mot d’ordre des nouveaux maîtres de la C Series sans broncher, mais également sans grand enthousiasme.
Pour mieux faire passer la pilule, M. Enders a fait miroiter la vente de « milliers » d’avions C Series au cours des prochaines années alors que 400 ont été vendus jusqu’ici.
Il a avancé qu’au moins une commande pourrait être annoncée au salon aéronautique de Farnborough, en Angleterre, plus tard ce mois-ci.
Tom Enders n’a pas hésité à présenter la prise de contrôle de la C Series comme « l’une des plus importantes transactions » dans l’histoire d’airbus.
Pour prouver le sérieux de son engage- ment, le géant européen a nommé quatre de ses plus hauts dirigeants au conseil d’administration de la Société en commandite Avions C Series, dont Guillaume Faury, président d’airbus, avions commerciaux, Eric Schulz, chef des ventes de l’avionneur, et C. Jeffrey Knittel, PDG d’airbus Americas.
DES CONCESSIONS ?
David Chartrand, coordonnateur québécois de l’association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale, ne s’est pas montré surpris par le message d’airbus. Il a rappelé qu’on avait également mis l’accent sur la réduction des coûts lors de l’augmentation de la cadence de production des jets régionaux CRJ, à la fin des années 1990.
Le syndicaliste n’a toutefois pas exclu qu’airbus demande des concessions aux travailleurs de la C Series lors des négociations pour le renouvellement de la convention collective, cet automne.
« NOTRE PREMIÈRE PRIORITÉ, C’EST DE VENDRE L’AVION COMME DES FOUS. »
– Tom Enders, PDG d’airbus