Des corps en décomposition à l’air libre pour la science
TROIS-RIVIÈRES | Des dépouilles humaines placées dans des cages à l’extérieur seront analysées par des chercheurs pour étudier la décomposition des corps dans le climat québécois.
Le directeur du laboratoire en criminalistique de l’université du Québec à Trois-rivières (UQTR), Frank Crispino, évoque l’affaire Cédrika Provencher pour illustrer l’importance d’étudier la décomposition de l’humain à l’air libre.
Une partie du crâne de la fillette de 9 ans a été retrouvée en décembre 2015 par des chasseurs, huit ans après sa disparition.
Or, M. Crispino affirme qu’il y a beaucoup d’incertitudes sur la façon dont les corps se décomposent dans le climat québécois.
Il croit que des avancées scientifiques permettraient plus de précision sur le moment du décès et la possibilité que le corps ait été déplacé. Il y a aussi beaucoup de connaissances à acquérir, par exemple au niveau des insectes qui se nourrissent des corps, un domaine très peu étudié.
Les professeurs Crispino et Gilles Bronchti, du département d’anatomie, travaillent depuis six ans sur un projet de laboratoire avec des corps de gens qui ont accepté de participer au projet avant de mourir. Il pourrait être mis en place dans environ un an.
« Il faut que la population accepte ça. Il faut que ce soit compris et que ça ne fasse pas peur », explique M. Crispino.
JUSQU’À TROIS ANS
Un maximum de huit à 10 corps seront étudiés en même temps. Ils seront installés sur un site dont l’emplacement n’a pas été déterminé et lors de saisons différentes.
Chacun sera dans une cage individuelle et fera l’objet d’analyses pour une période de un à trois ans, au terme desquels les restes seront incinérés et remis aux familles.
Le site accueillera les dépouilles ni embaumées ni congelées, dans les heures suivant le décès. Les dépouilles seront installées dans des cages par souci éthique et pour éviter que des animaux les déplacent. L’endroit sera hautement sécurisé.