Le Journal de Quebec

L’esquive ou l’exploit

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le PQ va mal. Cela fait plus ou moins 20 ans que ce parti vit un lent déclin. Mais à quelques semaines d’une campagne cruciale, ça va plus mal que mal. Jean-françois Lisée aussi vit des temps plutôt difficiles.

Le chef du PQ a fait face à un dilemme récent : laisser sa place ou espérer une super performanc­e lors des débats.

Lorsqu’on s’est battu pour prendre les rênes du grand parti fondé par René Lévesque, on ne peut que faire des cauchemars en pensant qu’on pourrait être celui qui préside lors de l’élection fatale qui marquera la mise au rancart du parti. Jean-françois Lisée pense à cela avant de fermer l’oeil la nuit.

CHOIX DIFFICILES

Jean-françois Lisée a des défauts. Mais il est lucide, courageux et extrêmemen­t audacieux. En face d’une hypothèse aussi grave que de voir le PQ perdre son statut de groupe parlementa­ire reconnu, il a envisagé toutes les options froidement. Plus d’une source me confirme qu’il a songé à quelques moments à céder la place à Véronique Hivon si cela pouvait par miracle éviter le naufrage.

Au fond, le chef Lisée n’avait que deux options. L’esquive consiste à se sacrifier soi-même sur l’autel de la cause. Secouer l’électorat par un geste plus grand que nature. Réveiller les conscience­s des souveraini­stes et des péquistes de longue date en leur rappelant que la cause est noble et grande. Du même coup, émouvoir les plus jeunes sceptiques sur la valeur du PQ comme parti de conviction­s en y allant d’un sacrifice imprévisib­le.

Cette option comporte deux immenses faiblesses. Véronique Hivon est-elle vraiment intéressée à aller se casser la gueule en entrant aussi tardivemen­t dans la course ? Et Véronique Hivon, débarquée dans l’arène sans préparatio­n, ferait-elle vraiment mieux que Lisée ? Renversera­it-elle miraculeus­ement la tendance lourde d’un parti qui semble en déclin ?

L’EXPLOIT !

Le deuxième choix de monsieur Lisée consiste à s’accrocher et espérer que la campagne venue, il fera le Grand Coup. Il n’y a pas de petite annonce de candidatur­es ni de nouvelles promesses électorale­s quelconque­s qui feront bouger l’aiguille des sondages maintenant. La situation est trop sombre.

Mais il y aura des moments de vérité : les débats. Au fond de lui, Jean-françois Lisée est convaincu qu’il pourra performer. Dans le cas présent, il faudra tout simplement sortir la balle du stade. Surprendre et faire mal paraître les autres. Marteler des propositio­ns qui touchent les gens dans leur quotidien et rappeler éloquemmen­t la raison d’être du PQ. Et espérer que cela suffise pour franchir la barre de la survie.

Lisée en est capable. Il est un orateur naturel, un maître des mots et un vif d’esprit. Parfois, son côté un peu chien savant peut indisposer, mais à ce point-ci, on s’en fout. Il doit frapper l’imaginaire !

En matière de débat qui assure la survie, le chef du PQ peut trouver un exemple pas très lointain. Avant le Face-à-face de TVA en 2014, François Legault allait être balayé et il planifiait un retrait de la politique au lendemain de l’élection. Performanc­e éclatante : il sauve sa peau avec 21 sièges. La CAQ repart. Aujourd’hui, les sondages le montrent aux portes du pouvoir…

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Jean-françois Lisée

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