Boeing s’empare des avions commerciaux d’embraer
Bombardier fera face à un matamore dans le marché des avions régionaux
Quatre jours après la conclusion du pacte entre Bombardier et Airbus, voilà que le géant américain Boeing confirme sa volonté de s’allier avec le brésilien Embraer, éternel rival de l’avionneur québécois.
« Boeing était déterminé à combler le “trou” dans sa gamme de produits dans la catégorie des appareils de 100 à 150 sièges, créé lorsque Airbus a acquis la C Series de Bombardier », a commenté hier Ernie Arvai de la firme spécialisée Airinsight.
Boeing acquerra une participation de 80 % dans la division des avions commerciaux d’embraer pour 3,8 G$ US, ce qui attribuera une valeur de 4,75 G$ US à la coentreprise. Embraer en conservera 20 %.
Les avions E-jets et E2 couverts par la transaction concurrencent à la fois les avions régionaux CRJ et Q400 de Bombardier dans la catégorie des avions de 100 places et moins ainsi que la C Series d’airbus/bombardier dans la catégorie des appareils de 100 à 150 places.
« DÉSAVANTAGE » POUR BOMBARDIER
« Il pourrait y avoir un certain désavantage pour Bombardier, étant donné que l’entreprise fera désormais face à un concurrent ayant plus de poids en matière de ventes et marketing », a soutenu l’analyste Walter Spracklin de RBC.
Richard Aboulafia du Teal Group fait toutefois remarquer que les compagnies aériennes qui achètent des avions régionaux ne sont généralement pas les mêmes que celles qui achètent des appareils de taille moyenne comme ceux de la C Series.
Chose certaine, les actionnaires de Bombardier n’ont pas souffert de l’annonce. Le titre de l’entreprise a gagné 3,4 % hier pour clôturer à 5,18 $ à la Bourse de Toronto. En revanche, celui d’embraer a plongé de plus de 10 % à New York, le marché se montrant déçu par le prix payé par Boeing.
CRJ ET Q400 SOUS-ÉVALUÉS ?
Benoit Poirier de Desjardins calcule toutefois que Boeing versera l’équivalent de 19 fois le bénéfice d’exploitation de la division des avions commerciaux d’embraer, ce qu’il considère « généreux ».
« Cette valorisation soutient notre thèse selon laquelle les investisseurs sous-évaluent actuellement les CRJ et le Q400 » au sein de Bombardier, a écrit l’analyste dans une note.
Il reste à voir si la transaction Boeing/ Embraer, qui n’est pour l’instant qu’une entente de principe, survivra aux élections brésiliennes d’octobre. Sao Paulo détient un droit de veto sur l’avenir de l’avionneur.