Le Journal de Quebec

À la hauteur de la légende

À 72 ans, Neil Young a offert une prestation époustoufl­ante, hier soir, à sa première visite à Québec

- CÉDRIC BÉLANGER

Il a fait son entrée dans la pénombre sans dire un mot, a pris quelques instants pour accorder sa guitare, puis il a lancé les hostilités en étirant sur presque 15 minutes Like an Inca. C’est ainsi que Québec s’est fait souhaiter la bienvenue dans l’univers de Neil Young, l’indomptabl­e légende vivante canadienne du rock.

On nous le disait capable du meilleur comme du pire en concert. Hier, pour sa toute première visite en carrière à Québec, devant des plaines d’abraham bondées, le vieux Neil a montré qu’à 72 ans, il pouvait mettre des dizaines de petites jeunesses dans sa poche arrière.

« C’est la première fois, je n’arrive pas à y croire », s’est-il étonné.

Pour cette occasion spéciale, il a servi une époustoufl­ante leçon de rock. Ainsi, après ce qui a possibleme­nt été la plus longue première chanson de l’histoire des Plaines, le parrain du grunge s’est mis à martyriser furieuseme­nt sa guitare sur Fuckin’ Up, qu’il a complété en esquissant un petit sourire de gars fier de son coup.

Après avoir joliment ralenti le tempo pour Cortez the Killer, il s’est adressé pour la première fois au public. Il s’est dit heureux d’être parmi nous et a lancé un « merci beaucoup » en français.

COUP DE TONNERRE

Et puis, un autre coup de tonnerre a retenti quand Young, qui faisait équipe avec ses efficaces compagnons de Lukas Nelson and Promise of the Real (qu’on avait vus en début de soirée), a sorti la bombe Rockin’ in the Free World, puissante à souhait.

Le rockeur a ensuite ralenti la cadence et mis de l’avant sa voix haut perchée sur I Am The Child, dédiée « aux enfants qui sont en cage un peu partout », une référence évidente aux politiques de Donald Trump.

Il est resté dans le même registre pour Lotta Love avant de passer le micro pour deux titres de la bande à Lukas Nelson, un segment dont on aurait pu se passer tellement il ne soutenait pas la comparaiso­n avec le copieux menu proposé par Young.

DISTORSION

Cette baisse de régime ne s’est pas éternisée. L’épique Down By the River, allongée à son maximum en formule impro- visation, a marqué le retour aux choses sérieuses.

Puis Like a Hurricane, communion de toutes les six cordes sur scène pour un formidable bain de distorsion livré sans concession, à prendre ou à laisser.

Au moment d’aller sous presse, après plus de 90 minutes sur scène, il avait encore le pied au plancher et chantait Hey Hey, My My dans laquelle il prédit que le rock and roll ne mourra jamais.

Hier soir, à travers la clameur de ses fans comblés, c’était difficile de le contredire.

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E À sa toute première visite en carrière dans la capitale, Neil Young a montré qu’à 72 ans, il pouvait mettre les jeunesses dans sa poche arrière.

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