Le Journal de Quebec

Un triple meurtrier blâme sa famille

Il règle ses comptes avec ses victimes devant le tribunal

- AMÉLIE ST-YVES

SHAWINIGAN | Un homme qui a abattu trois femmes de balles dans la tête en plus d’avoir tenté de tuer son père a plaidé coupable hier, mais il ne s’est pas gêné pour se défouler et blâmer ses victimes en pleine cour.

Sylvain Duquette, 52 ans, est allé chez son père Claude Duquette, 81 ans, à Saint-Mathieu-du-parc pour lui dire ses quatre vérités, vers 19 h 30, le 5 avril 2017.

Sur place, il a ligoté son père et sa bellemère Jocelyne Pellerin, 70 ans. Pendant quatre heures, il s’en est pris verbalemen­t à son père pour son enfance malheureus­e, ses difficulté­s financière­s et les maladies de sa mère, aujourd’hui décédée.

Alors qu’il était toujours attaché, son père lui a offert de l’argent pour que sa conjointe et lui aient la vie sauve : 1000 $, puis 10 000 $, puis 25 000 $, selon ce que le meurtrier a relaté au tribunal, hier.

« Il était là, à négocier sa vie et celle de sa femme, comme il l’a toujours fait pour ses voitures et ses immeubles. Je lui ai dit que son offre était refusée », a dit l’accusé.

Selon la Couronne, Sylvain Duquette a passé une partie de la soirée à boire de la vodka.

Il a fini par tirer une balle dans la tête de sa belle-mère, puis a pointé son fusil de calibre .12 à double canon vers son père. « Je l’ai visé dans le front et je lui ai dit que ce serait une mort trop facile pour lui », a-t-il rapporté.

ESSENCE

Il a alors aspergé son père d’essence, puis a mis le feu en quittant les lieux. Claude Duquette est cependant parvenu à se défaire de ses liens, en se projetant sur le côté.

L’octogénair­e est allé chercher des secours chez des voisins, après avoir tenté d’éteindre les flammes avec une couverture pour que le corps de sa conjointe ne brûle pas.

Le meurtrier s’est ensuite dirigé chez sa belle-soeur, Denise Hallé, 61 ans, à Shawinigan, en prenant la voiture de son père. Elle venait de le mettre à la porte de sa maison, quatre mois après la mort de son frère, d’une leucémie fulgurante.

Duquette a relaté hier lui avoir demandé qu’elle le suive dehors, pour lui montrer ce que c’était que d’être dans la rue en plein mois d’avril. Elle a refusé. Les esprits se sont échaudés. Il l’a abattue d’une balle dans la tête.

Sylvain Duquette ne s’est pas gêné pour qualifier la victime de « very mean » (très méchante) en regardant la famille de cette dernière qui était présente à la cour.

Une amie de Denise Hallé, Jeannette Lauzon Toupin, une Ontarienne de 56 ans était dans la maison le soir du drame avec un enfant de trois ans. Il y a eu altercatio­n avec l’accusé, qui l’a abattue.

Duquette a ensuite mis le feu à la résidence, mais en prenant soin de faire sortir le petit garçon de trois ans qui a eu la vie sauve et qui s’est réfugié chez des voisins.

LE JUGE L’INTERROMPT

Le juge Raymond W. Pronovost a fini par se tanner d’entendre l’accusé raconter son histoire, tandis qu’il parlait depuis près d’une heure.

« On est ici pour votre sentence, pas pour votre défoulemen­t collectif », a dit le juge, qui l’a condamné à la prison à vie sans possibilit­é de libération conditionn­elle avant 25 ans.

Une partie de la salle bondée a applaudi quand Duquette est sorti, escorté des gardiens.

Sylvain Duquette a plaidé coupable pour le meurtre prémédité de Jocelyne Pellerin et les meurtres non prémédités de Jeanette Lauzon Toupin et Denise Hallé. Il a aussi plaidé coupable pour tentative de meurtre sur son père.

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PHOTO D’ARCHIVES Sylvain Duquette au moment de sa comparutio­n en avril 2017 au palais de justice de Shawinigan.

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