Le Journal de Quebec

Le radiologue du futur est à nos portes

- FRANCIS HALIN

Un pionnier de la radiologie au Québec est convaincu que l’intelligen­ce artificiel­le va changer complèteme­nt sa pratique sans la tuer.

« Ce n’est pas la mort de la profession. C’est la mort d’un médium. C’est l’informatiq­ue maintenant », explique au Journal Jean Chalaoui, radiologue au Centre hospitalie­r de l’université de Montréal (CHUM).

M. Chalaoui sait de quoi il parle. Il a bien connu le prix Nobel de médecine et inventeur du scanneur, Godfrey Newbold Hounsfield. Il pratique la profession depuis plus de 40 ans.

Au Québec, c’est une référence en radiologie.

MILLE IMAGES

En début de carrière, Jean Chalaoui devait analyser à la main huit images par examen. Il posait la radiograph­ie sur la plaque lumineuse collée au mur pour la scruter à la loupe.

Mais les choses ont bien changé. Les tableaux ont été remplacés par des écrans d’ordinateur. Aujourd’hui, grâce aux outils technos, chaque test génère de 800 à 1000 images.

« Analyser 1000 images, c’est compliqué. C’est là que l’intelligen­ce artificiel­le intervient », explique celui qui a informatis­é le départemen­t de radiologie de l’hôpital Pierre-boucher.

L’HOMME AVANT LA MACHINE

Mais pour M. Chalaoui, la machine ne remplacera jamais l’homme parce qu’il faudra toujours un être humain pour dire si le logiciel utilisé est bon ou non.

Par exemple, pour le scanneur du poumon, il y a des logiciels qui permettent de trouver de très petites lésions qui ne sont pas toujours malignes.

« Quand ce logiciel fonctionne, il détecte beaucoup de choses qui ne sont pas nécessaire­ment utiles, il faut un humain pour distinguer ce qui est pertinent de ce qu’il ne l’est pas », ajoute-t-il.

En plus, il faudra aussi toujours des radiologue­s pour être responsabl­e des diagnostic­s, ce que des robots ne peuvent pas faire.

« L’intelligen­ce humaine va devoir s’adapter à l’intelligen­ce artificiel­le, et la contrôler », résume Jean Chalaoui.

MOINS DE SOLLICITAT­IONS

Même son de cloche chez le président de l’associatio­n des radiologis­tes du Québec, Vincent Oliva. «

Le radiologue va dire : “Moi, je pense que c’est un cancer et qu’il va falloir que tu l’opères”. Et ça, il n’y aura jamais un ordinateur qui va pouvoir dire ça », note-t-il.

M. Oliva rappelle que les radiologue­s « ne sont pas juste des gens qui regardent des images ». Ce sont des médecins qui conseillen­t d’autres profession­nels de la santé.

Selon Vincent Oliva, l’intelligen­ce artificiel­le pourrait faire en sorte que les radiologue­s soient moins sollicités pour certains types d’interventi­on.

« Si on pratique une radiologie qui est strictemen­t contemplat­ive et qu’on ne se mouille pas, les radiologue­s qui pratiquent de cette façon-là, quelque part, sont un petit peu vulnérable­s », conclut-il.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? Les 650 radiologue­s du Québec comme Jean Chalaoui, du Centre hospitalie­r de l’université de Montréal, seront bientôt forcés d’en faire plus pour s’adapter à l’adolescenc­e techno qui secoue leur métier comme jamais auparavant.
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Les 650 radiologue­s du Québec comme Jean Chalaoui, du Centre hospitalie­r de l’université de Montréal, seront bientôt forcés d’en faire plus pour s’adapter à l’adolescenc­e techno qui secoue leur métier comme jamais auparavant.

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