Le Journal de Quebec

Quand l’amour aveugle crée des problèmes financiers

- Emmanuelle Gril

Comme dit le proverbe : l’amour est aveugle. C’est ce qu’a appris à ses dépens Gabriel, 59 ans, dont l’ex-conjoint s’est envolé avec toutes ses économies…

Désormais retraité, Gabriel a décidé de se consacrer à sa passion : la peinture. Il peint des paysages, en particulie­r maritimes, et réussit même à vendre le produit de sa création. L’an dernier, il a ainsi gagné 30 000 $ grâce à ses oeuvres, ce qui vient arrondir sa pension de retraite qui s’élève à 1500 $ par mois.

Il y a trois ans, Gabriel a rencontré Simon lors d’une exposition. Ils sont tombés amoureux et les deux ont rapidement décidé de s’installer ensemble. Le loyer de leur futur logement, un loft luxueux avec vue sur le fleuve à Montréal, est de 2500 $ par mois. Simon est représenta­nt et semble être à l’aise financière­ment. Gabriel n’a donc aucune inquiétude sur sa solvabilit­é et vogue sans souci sur une vague de bonheur. Malheureus­ement, les choses n’allaient pas prendre la tournure espérée.

CONFIANCE AVEUGLE

En effet, le jour de la signature du bail du nouveau logement, Simon a dû se rendre à Québec pour finaliser une transactio­n avec un client important. Afin de ne pas manquer cette occasion en or, d’autant plus que le propriétai­re leur accorde un mois de loyer gratuit, Simon demande à son conjoint de signer le document seul. Il s’engage à lui verser la moitié du loyer chaque mois. Gabriel s’exécute sans difficulté, puisqu’il fait entièremen­t confiance à son amoureux.

D’ailleurs, ce dernier l’aide à garder ses affaires en ordre, puisque l’artiste peintre n’aime pas s’occuper de chiffres ou de comptabili­té. Récemment, il a même reçu un avis d’interrupti­on de service du fournisseu­r d’électricit­é, puisqu’il avait négligé de payer les factures. « Pour faciliter les choses à Simon, Gabriel lui a donné accès à son compte bancaire par internet. Et au cas où il manquerait d’argent pour payer les comptes courants, puisque les revenus issus de la vente de tableaux sont irrégulier­s, il lui a aussi confié sa carte de crédit afin de combler le manque à gagner éventuel », précise Stéphane Gauvin, syndic autorisé en insolvabil­ité chez Raymond Chabot.

ACCULÉ À LA FAILLITE

Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, quand Simon disparaît sans explicatio­ns et sans laisser de traces. Horrifié, Gabriel se rend compte que son amoureux a aussi filé avec tout l’argent qu’il possédait, en plus d’avoir utilisé sa carte de crédit jusqu’au plafond maximum, soit 25000 $. « Comme un malheur n’arrive jamais seul, Gabriel a aussi fait l’objet d’un contrôle fiscal et il doit rembourser des impôts et des taxes pour la vente de ses tableaux, pour un montant de 5000 $ », explique Stéphane Gauvin.

Incapable de payer son loyer, il accumule un retard de 7500 $, et le propriétai­re lui a envoyé une mise en demeure. À cela s’ajoute un prêt personnel de 8000 $ ainsi que 1200 $ de facture d’électricit­é en retard, pour un total de 46 700 $ de dettes. « Avec une rente de retraite mensuelle de seulement 1500 $ par mois et des revenus issus de la vente de ses oeuvres très irrégulier­s, Gabriel n’a eu d’autre choix que de faire faillite. D’ailleurs, il n’aurait pas été en mesure d’assumer une propositio­n de consommate­ur », souligne Stéphane Gauvin.

Qui plus est, des problèmes cardiaques ont fait leur apparition. Son chagrin d’amour et ses soucis financiers lui coupent l’inspiratio­n nécessaire pour peindre. « Il est aussi très choqué contre lui-même de s’être montré si naïf », ajoute le syndic, précisant que Gabriel a toutefois déménagé dans un logement plus abordable, et que, peu à peu, il remonte la pente.

SA SITUATION FINANCIÈRE

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