La GRC s’attaque maintenant aux fraudes par textos
Le Journal a obtenu un accès privilégié à quatre perquisitions dans la région de Montréal
Un texto semblant provenir de votre institution financière vous indique que l’accès à votre compte est bloqué pour des raisons de sécurité. Vous êtes invités à cliquer sur un lien afin de régler la situation. Mais cette manoeuvre ouvre grand la porte aux fraudeurs.
« À peu près tout le monde a déjà reçu ce genre de message au moins une fois, dit Philippe Gravel, enquêteur en criminalité technologique de la Gendarmerie royale canadienne (GRC). Et, de plus en plus, les fraudeurs se raffinent, ils font de gros efforts pour que ce soit crédible. »
Depuis plus d’un an, le Groupe intégré de la criminalité technologique de la GRC au Québec traque un présumé réseau d’hameçonnage par message texte, après avoir colligé des informations de la part de différentes institutions financières.
Le Journal a obtenu un accès à quatre perquisitions menées à l’aube, jeudi dernier, dans la grande région de Montréal.
« Si nous sommes ici, c’est parce que nous avons des motifs raisonnables de croire que nous allons trouver des preuves. Il s’agit de perquisitions en cours d’enquête », a expliqué l’enquêteur Gravel, ajoutant qu’il ne pouvait donner plus de détails.
Ce matin-là, la GRC a saisi des clés USB et des disques durs externes.
Des preuves trouvées sur place ont permis à la GRC de procéder à l’arrestation d’un homme, qui ne peut être identifié pour l’instant. Celui-ci a été rencontré toute la journée par les enquêteurs avant d’être relâché.
EFFORTS SUPPLÉMENTAIRES
Au Québec, une équipe d’une trentaine de personnes, dont des enquêteurs et des civils, travaille à contrer la cybercriminalité.
Car, si les gens à l’origine de ces textos frauduleux estiment être à l’abri grâce à l’anonymat relatif que leur procurent divers logiciels permettant de brouiller les pistes, les autorités redoublent d’efforts pour les arrêter.
« Je dirais même que nous avons souvent une avance sur leurs techniques. À chaque dossier que nous faisons, on s’améliore et on apprend pour la suite », précise le gendarme Gravel.
« Le plus difficile, lorsqu’on arrive à une adresse, c’est d’arriver à prouver hors de tout doute qui se trouvait derrière le clavier », poursuit M. Gravel.
« Avec l’analyse du matériel informatique saisi, il n’est pas exclu que nous puissions faire d’autres arrestations », dit M. Gravel. Cependant, les enquêteurs auront besoin de plusieurs semaines pour effectuer ce travail.
À ce jour, il leur est impossible d’estimer le nombre de victimes tombées dans le panneau de ce présumé réseau de fraude par texto ni même les montants qui ont pu être soutirés.
Pour faciliter leur boulot, les enquêteurs recommandent de déposer une plainte à la réception d’un texto suspect auprès de l’institution financière en question.
« N’oubliez pas : les institutions financières ne vont jamais communiquer avec vous par SMS ou par courriel, ce n’est pas sécurisé. Lorsque vous avez un doute, mieux vaut ne pas cliquer », suggère M. Gravel.
EN AUGMENTATION
De l’avis de l’enquêteur, ce type de crime est en augmentation constante chaque année, et la tendance se poursuivra.
« De plus en plus, on tombe sur des gens qui ont grandi avec les ordinateurs, qui s’y connaissent. C’est peut-être un facteur qui les pousse à se croire protégés », avance-t-il, ajoutant qu’ils le font aussi par appât du gain. Mais les fraudeurs commettent tous des erreurs, selon lui. Et ce sont ces erreurs qui laissent des traces.